Samedi soir, le jury présidé par Bong Joon-ho (entouré de Saverio Costanzo, Virginie Efira, Cynthia Erivo, Sarah Gordon, Alexander Nanau et Chloé Zhao) a rendu son verdict, et couronné la réalisatrice française Audrey Diwan du Lion d’or pour son film L’Evénement. Adapté d’un récit autobiographique d’Annie Ernaux, il raconte sans détour et avec justesse l’histoire d’une jeune femme (Anamaria Vartolomei, véritable révélation) qui avorte clandestinement dans la France de 1963, où cet acte était encore illégal.
Retour fracassant pour Jane Campion, après neuf ans d’absence au cinéma : la réalisatrice néo-zélandaise décroche le prix de la meilleure réalisation pour Le Pouvoir du Chien, une histoire de rivalités entre deux frères cowboys dans un ranch du Montana. Partant de cet univers ultra masculin, Jane Campion réinvestit l’imagerie viriliste du western pour mieux la tordre, et examine les malédictions de l’héritage.
Bonne prise pour le réalisateur italien Paolo Sorrentino, qui repart avec le Grand Prix pour La Main de Dieu. Il y reprend les chemins sinueux de son enfance napolitaine, brisée par la mort de ses parents, et rythmée par l’arrivée de Diego Maradona dans le club local du SSC Napoli.
Côté interprétations, la Coupe Volpi a été remise à Penelope Cruz pour Madres Paralelas, sa nouvelle collaboration avec son Pedro Almodovar. Dans ce mélo flamboyant, la star espagnole campe Janis, une photographe de mode qui, s’apprêtant à faire le deuil de son désir d’enfant, tombe accidentellement enceinte et accouche le même jour qu’Ana, jeune fille à la vie familiale chaotique…
Le jury a aussi distingué le Philippin John Arcilla pour son rôle de journaliste en quête de vérité dans On the Job 2: The Missing 8. Il y joue un journaliste confronté aux fake news et à la corruption.
Vu à Venise : « Madres Paralelas », le flamboyant mélo de Pedro Almodóvar avec Penelope Cruz
Maggie Gyllenhaal remporte quant à elle le Prix du meilleur scénario pour The Lost Daughter, adapté d’un roman d’Elena Ferrante. Olivia Colman y jour une prof solitaire, confrontée à ses démons quand elle voit débarquer une jeune mère (Dakota Johnson) et sa famille louche sur l’île grecque où elle séjourne. Un drame intranquille, anxiogène, qui déploie avec brio des figures maternelles dans leur infinie complexité.
Enfin, le Prix spécial du Jury revient à l’Italien Michelangelo Frammartino pour Il Buco, dans lequel de jeunes spéléologues entame une exploration dans un village italien des années 1960. Une élégie rurale à la frontière du documentaire et de la fiction, où hommes et animaux sont filmés à la même hauteur.
Vu à Venise : « Il Buco », voyage au centre de la terre selon Michelangelo Frammartino
Le palmarès complet :
Lion d’or du meilleur film : L’événement d’Audrey Diwan (France)
Lion d’argent – Grand Prix du Jury : La main de Dieu de Paolo Sorrentino (Italie)
Lion d’argent – Prix de la meilleure réalisation : La part du chien de Jane Campion (Nouvelle-Zélande)
Prix d’interprétation féminine : Penélope Cruz pour son rôle dans Madres paralelas de Pedro Almodovar (Espagne)
Prix d’interprétation masculine : John Arcilla pour son rôle dans On the Job: The Missing 8 d’Erik Matti (Philippines)
Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir masculin ou féminin : Filippo Scotti pour son rôle dans La main de Dieu de Paolo Sorrentino (Italie)
Prix spécial du jury : Il Buco de Michelangelo Frammartino (Italie) Prix du meilleur scénario : Maggie Gyllenhaal pour The lost daughter (Etats-Unis)