Face à un magma noir qui tapisse le fond de la scène, dix ombres se tiennent debout, le regard comme absorbé. À travers une mise en scène ambitieuse, Christian Rizzo convoque ambiance sonore, jeu de lumière et mouvement pour créer une chorégraphie subtile qui nous imprègne d’un climat mouvant, sourd et inquiétant.
Les sonorités distordues qui grésillent évoquent un film d’épouvante, tandis que la danse nous entraîne dans un mouvement de ressac rassurant, fait de gestes répétitifs et fluides. Les interprètes exécutent des gestes rapides, fluides, précis, éclairés par les néons d’un dispositif mouvant au plafond. Ils sont comme balayés par un scanner et toujours tournés vers le fond sombre du plateau.
Faut-il voir dans ce monochrome noir l’absence d’horizon ? Un monde post-apocalyptique sans espoir qui nous guette, fait de marées noires et de nuées toxiques ? Ou au contraire une matrice accueillante ? Les paradoxes fusent dans cette pièce, aussi angoissante que rassurante, qui illustre peut-être la confusion dans laquelle nous vivons. Une chose est sûre, Miramar ne compte pas nous lâcher de sitôt.
de Christian Rizzo, du 11 au 14 avril au Centquatre (1 h)