Marjane Satrapi lance un projet de film collectif engagé

La cinéaste franco-iranienne du culte et féministe « Persepolis » a lancé, au lendemain du premier tour des élections législatives, un appel à ses pairs réalisateurs et réalisatrices pour réaliser une œuvre collective sur leur amour de la France.


« J’ai le projet de faire un film comme Paris, je t’aime [2006], pour que chacun fasse un court métrage sur son rapport à la France, pour raconter comment on l’aime, ou comment on ne l’aime pas » a expliqué Marjane Satrapi dans un entretien auprès de Télérama. La cinéaste s’est – comme beaucoup – retrouvée sous le choc puis révoltée au soir des résultats du premier tour des élections législatives qui ont placé le Rassemblement National en tête. C’est donc assez rapidement que l’artiste a lancé sur son compte Instagram un appel à « tous les cinéastes d’origine étrangère » dans l’idée de « faire un film collégial ».

Plus qu’un tract politique, la cinéaste souhaite que ce film lance un mouvement car il est selon elle « très important [que les artistes] occupent l’espace culturel ». Elle profite égalalement de cet entretien pour rappeler à quel point le cinéma en France repose sur les apports artistiques de grands noms étrangers du 7e art . Elle cite Gaspar Noé, Costa-Gavras et Radu Mihaileanu qui, comme elle, ont tous « apporté plein de choses à la France ». Pour le « ciment de notre société », la culture, Marjane Satrapi appelle à ne pas rester assis à se lamenter.

Les professionnels se mobilisent contre la privatisation de l’audiovisuel public

Cette riposte de la cinéaste s’inscrit dans un climat de vives tensions pour la culture, menacée par le Rassemblement national, qui remet notamment en cause le régime de l’intermittence. Ce statut assure aux artistes, ouvriers et techniciens du domaine du spectacle ou de l’audiovisuel (embauchés en contrat de travail à durée déterminée (CDD) ou en contrat de travail à durée déterminée d’usage (CDDU)), d’être indemnisés par France Travail en tant que demandeur d’emploi, s’ils justifient de 507 heures de travail dans les secteurs concernés et sur les 12 mois précédant leur demande d’indemnités. Autre inquiétude du secteur audiovisuel en particulier : la privatisation du service public, remise en cause récemment par plusieurs tribunes signées par des centaines d’artistes et professionnels du secteur. 

Isabelle Carré, Ariane Ascaride et Emilie Dequenne appellent à une mobilisation contre le Rassemblement national

Du côté des artistes conviés, la cinéaste est restée volontairement flou, dans la mesure où ce projet d’ampleur va mettre du temps à s’organiser. On sait toutefois que les artistes Yael Naïm et Keren Ann se sont proposées pour la musique du projet et que Gaspar Noé – sous réserve d’être suffisamment inspiré – pourrait participer. 

Pour ce qui est du financement, Marjane Satrapi espère associer sa boîte de production (Marjane Satrapi Films) avec une autre en coproduction, mais aussi récolter les soutiens du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), des Régions et de bénéficier du financement participatif. 

Image : © Urban Distribution