« Les Jeunes amants » : le feu qui couve

À partir d’une idée de la regrettée Sòlveig Anspach, Carine Tardieu (« Ôtez-moi d’un doute ») compose un mélodrame intense sur les remous d’une passion dans la différence d’âge, avec Fanny Ardant et Melvil Poupaud.


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Avant de disparaître, la cinéaste islandaise Sòlveig Anspach (Queen of Montreuil) a fait promettre à sa coscénariste Agnès de Sacy de faire aboutir un projet inspiré d’une relation vécue par sa mère avec un jeune médecin. Cette idée de film, elle voulait qu’elle soit réalisée par une femme, et c’est Carine Tardieu qui, avec toute sa sensibilité, s’est approprié ce qui n’était alors qu’une ébauche. Avec acuité, elle sait saisir tout le poids et l’électricité de cet amour qui ignore la différence d’âge et qu’elle dépeint comme une affaire de vitesse, de rythme discordant.

L’héroïne, Shauna (Fanny Ardant, éternelle « femme d’à côté », incarnation évanescente de la passion dans le cinéma de ), a 70 ans ; Pierre (), la quarantaine, et il va tout quitter pour elle. Lui, médecin et père de famille, fonce ; elle, retraitée, freine, jugeant qu’il a un avenir mais pas elle. Tout en lyrisme, Ardant et Poupaud captent l’immense fébrilité de leurs personnages face à cette relation, peut-être pas si impossible malgré le conformisme ambiant. Ce qu’il y a de marquant, c’est que Tardieu regarde aussi changer la société à travers une galerie de personnages secondaires (dont la fille de Shauna, jouée par Florence Loiret-­Caille, figure du cinéma d’Anspach), qui s’interrogent mais finissent par accueillir cet amour dans la bienveillance.

Les Jeunes Amants de Carine Tardieu, Diaphana (1 h 52), sortie le 2 février

Image (c) Ex Nihilo Kare