Les 30 films qu’on attend le plus pour 2022 (partie 1 )
LES PASSAGERS DE LA NUIT de Mikhaël Hers
Pudique et profond, le cinéma de Mikhaël Hers (Ce sentiment de l’été, 2015 ; Amanda, 2018) nous avait manqué. Après quelque temps d’absence, le réalisateur présente ce nouveau film qui prendra place dans le Paris du début des années 1980, à la suite de l’élection de François Mitterrand. Premier motif de réjouissement : la douce Charlotte Gainsbourg prêtera ses traits à Elisabeth, une mère de famille qui, quittée par son mari, trouve un job dans une émission de radio diffusée la nuit, où elle rencontre Talulah (Noée Abita), qu’elle « prend sous son aile », nous dit le synopsis, et accueille chez elle, où vivent ses deux enfants adolescents. On a très envie d’être plongé dans cette traversée nocturne. · J.L.
Le film a été sélectionné en compétition à la Berlinale et devrait sortir en salles le 4 mai prochain.
AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT de Claire Denis
Après nous avoir envoyé dans l’espace aux côtés de Robert Pattinson (High Life, 2018), Queen Denis revient sur terre avec un film plus romanesque, co-écrit avec Christine Angot – la romancière lui avait déjà inspiré Un beau soleil intérieur en 2017 avec Juliette Binoche, qui incarnera dans Avec amour et acharnement Sara, qui vit avec Jean (Vincent Lindon) depuis dix ans. Là où ça se corse, c’est quand François, ex meilleur ami de Jean et ex tout court de Sara, refait surface dans la vie du couple : « Un jour, Sara aperçoit François dans la rue. Il ne la remarque pas, mais elle est submergée par la sensation que sa vie pourrait soudainement changer. Pour la première fois depuis des années, François reprend contact avec Jean et lui propose de retravailler ensemble. Se déclenche alors une spirale incontrôlable… » Parallèlement, la cinéaste planche aussi sur un film américain : The Stars at Noon, une romance entre un homme d’affaires anglais et une journaliste américaine (Margaret Qualley) en 1984, en pleine révolution nicaraguayenne. Avec Claire, love is in the air. · J.L.
Le film a été sélectionné en compétition à la Berlinale. Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
VIENS JE T’EMMÈNE d’Alain Guiraudie
Direction Clermont-Ferrand avec le réalisateur de L’Inconnu du lac (2013) et Rester vertical (2016), qui se détourne des paysages sauvages pour plonger dans la ville, où il suit un type lambda (Jean-Charles Clichet) tombé en pamoison devant une prostituée plus âgée (Noémie Lvovsky). Il y rencontre aussi un jeune SDF (Iliès Kadri), peu avant qu’un attentat vienne secouer la ville. On a très envie de voir comment le cinéaste insuffle son style libertaire dans ce récit se collant au plus difficile des réels. · J.L.
Le film a été sélectionné dans la section « Panorama » de Berlin et sort en salles le 2 mars.
APOLLO 10 1/2 : A SPACE AGE ADVENTURE de Richard Linklater
Au Centre Pompidou en novembre 2019, à l’occasion d’une expo et d’une rétro qui lui étaient consacré, on avait rencontré le cinéaste indé, auteur de fascinantes chroniques sur le passage et la dilatation du temps (Boyhood, la trilogie « Before »). Il nous avait beaucoup teasé ce prochain film, inspiré par son enfance à Houston, au Texas. À l’époque, le jeune Richard avait développé une fascination pour la NASA. « Ces souvenirs m’ont poussé à collecter plein d’images d’archives sur le premier atterrissage de l’homme sur la Lune en 1969, que j’avais très envie de reproduire dans ma fiction. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais c’est un projet qui me tient très à cœur », nous avait-il confié. Deux ans plus tard, on en sait un peu plus : ce film de science-fiction très personnel réunira Glen Powell, Jack Black ou encore Zachary Levi. · J.L.
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
ROOSEVELT de Martin Scorsese
« Un biopic du Président des Etats-Unis Theodore Roosevelt. » Le synopsis officiel est simple, basique. Mais le fait que le film soit signé Martin Scorsese justifie largement qu’il figure sur cette liste. D’autant que le président américain, qui exerça la fonction suprême de 1901 à 1909, sera campé par Leonardo DiCaprio, génial en trader coké et tempétueux dans Le loup de Wall Street (2013), toujours chez Scorsese. Le sujet de ce biopic est plus délicat qu’il n’en a l’air : ces derniers jours, une statue à l’effigie de Roosevelt se trouvant devant le Musée d’histoire naturelle de New-York a été retirée et expédiée dans le Dakota – le président américain y « trône sur son cheval, ceinture de cartouches autour de la taille, tandis que trottinent à ses côtés un Indien avec une coiffe de plumes et un Noir musculeux torse nu », décrit Le Monde. On ne doute pas que Scorsese saura questionner l’héritage pour le moins contrasté de cette figure de l’histoire américaine (Prix Nobel de la paix en 1906, il était aussi ouvertement raciste). On ajoute qu’on guette de près la diffusion sur Netflix de The Killer of The Flower Moon, autre projet de l’inarrêtable Scorsese · J.L.
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
OCCHIALI NERI de Dario Argento
À 81 ans, le maître du giallo (Suspiria, 1977) n’a rien d’un vieux cinéaste rangé. En plus de surprendre tout le monde en jouant dans le Vortex de Gaspar Noé (voir plus haut), il a tourné un film dont le pitch nous laisse coi : « Une prostituée italienne rendue aveugle par un tueur en série lors d’une attaque, recueille un jeune chinois, dont la vie a également été détruite par les actions du maniaque. Il va devenir son allié dans une lutte terrifiante pour se débarrasser définitivement du tueur en série… » Au casting figure sa fille, Asia Argento. On attend du sang, des larmes, de la fureur et d’intenses couleurs. · J.L.
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
DON JUAN de Serge Bozon
Après Madame Hyde (2018), lumineux film teinté de magie sur un lycée professionnel de banlieue porté par Isabelle Huppert, Serge Bozon sera aux manettes de ce film au résumé énigmatique et mystique : « Abandonné par sa fiancée le jour de son mariage, Laurent sombre. Désespéré, il croit voir partout la femme qu’il aime. Un jour, il est appelé : il doit jouer Don Juan. » Il s’entoure une nouvelle fois de sa coscénariste Axelle Ropert (également réalisatrice, notamment de Petite Solange, en salles le 2 février), mais aussi d’un casting flamboyant (Virginie Efira, Tahar Rahim et – surprise – le chanteur Alain Chamfort). On parie que la magie opérera une nouvelle fois. J.L.
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
LES ENFANTS DES AUTRES de Rebecca Zlotowski
Depuis Belle Epine (2010), magnifique et vrombissant portrait d’une jeune fille à fleur de peau campée par une Léa Seydoux qui débutait au cinéma, on suit de près le travail de Rebecca Zlotowski, toujours singulier, toujours moderne. Alors on a forcément hâte de découvrir ce prochain film, dont on sait très peu de choses à ce stade, hormis qu’il sera porté par Virginie Efira, Roschdy Zem et le jeune Victor Lefebvre (la série La Faute à Rousseau). Selon IMDB toutefois, le film racontera l’histoire d’une femme sans enfant qui développe avec celui de son petit-ami des liens profonds. A partir de ce canevas, on s’imagine déjà une exploration fine et audacieuse des multiples formes que peut prendre la maternité. J. L
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
EN MÊME TEMPS de Kervern et Délepine
On l’aura compris à son titre en forme de pique à la désormais célèbre formule de comm’ d’Emmanuel Macron, le prochain film des Grolandais (Saint-Amour, Effacer l’historique) sera éminemment politique. Jonathan Cohen y interprètera un maire de droite « décomplexée », qui tente de piéger son confrère écologiste (Vincent Macaigne), à la veille d’un vote pour la construction d’un complexe de loisir sur une forêt. Mais ce sont eux qui se feront piéger par un groupe de militantes féministes… Grosse attente autour de cette comédie satirique, qui revendique ouvertement que toute ressemblance avec la réalité n’est pas fortuite, et promet de dézinguer les coulisses du pouvoir, à trois mois d’une élection présidentielle historique. L.A.S
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
NOUS et SAINT-OMER d’Alice Diop
Deux films d’Alice Diop pour le prix d’un, c’est la bonne nouvelle de 2022. Poursuivant son travail emprunt de sociologie, la documentariste part, dans Nous (en salles le 16 février), à la rencontre des habitants de la banlieue parisienne, le long de la ligne du RER B. Quant à Saint-Omer, son premier film de fiction coécrit avec l’écrivaine Marie Ndiaye, il racontera l’histoire d’une romancière plongée dans le procès d’une femme accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant sur une plage du Nord de la France. Inspiré d’un fait divers survenu en 2013, ce huis clos judiciaire promet d’explorer l’ambiguïté de la maternité. L.A.S
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée pour Saint-Omer.
GERK de Gisèle Vienne
On l’a découvert au FIFIB, et il nous hante encore. Dans ce film d’horreur glaçant, la metteuse en scène et plasticienne Gisèle Vienne a confié au comédien Jonathan Capdevielle le rôle d’un taulard, qui nous raconte de sa prison la vingtaine de meurtres et viols qu’il a commis sur des garçons de son âge dans les années 1970 au Texas. Avec un dispositif filmique minimaliste, et des marionnettes creepy en guide de protagonistes, Gisèle Vienne questionne la mise en scène de la violence et la représentation de l’atrocité, dans une mise en abyme méta. Un des films le plus inventifs de ces dernières années. L.A.S
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
LA BÊTE DANS LA JUNGLE de Patric Chiha
Après le cinéaste autrichien reviendra avec une adaptation d’Henri James, coécrite avec Axelle Ropert (Petite Solange) et Jihane Chouaib (Go Home). Attention, pitch nébuleux en vue. Pendant 25 ans, de 1979 à 2004, dans une immense boîte de nuit, un homme et une femme guettent ensemble un événement mystérieux. La « chose » finalement se manifestera, mais sous une forme autrement plus tragique que prévu. On signe tout de suite pour ce huis clos qui semble naviguer à pleine vue entre festivité et tragédie, et qui réunit trois de nos chouchous du cinéma français : Tom Mercier (révélation de Synonymes de Nadav Lapid, sorti en 2019), Anaïs Demoustier et Béatrice Dalle. L.A.S
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
MANUEL À L’USAGE DES FEMMES DE MENAGE de Pedro Almodóvar
Pas de répit pour le cinéaste espagnol, qui enchaîne après Madres paralelas sur une adaptation d’un best-seller autobiographique de Lucia Berlin. Paru en 2015, cet ouvrage raconte sur près de quarante ans la vie tumultueuse et agitée de son autrice, entre les Etats-Unis et le Chili. De sa condition d’artiste bohème vivant dans un loft new-yorkais au milieu des années 50, à son intense travail d’infirmière aux urgences d’Oakland, Lucia Berlin y narrait avec un humour loufoque ses galères aux quatre coins du monde, entre ses divers métiers, ses mariages ratés et son alcoolisme. Quand Almodóvar nous propose un portrait d’héroïne haute en couleur et pugnace, on ne peut pas dire non. Surtout que cette fois-ci, elle sera incarnée par la grande Cate Blanchett, également productrice du film. L.A.S
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
DECISION TO LEAVE de Park Chan-Wook
Après son inoubliable thriller érotique Mademoiselle (2016), le réalisateur sud-coréen réinvestit son territoire de prédilection : le meurtre couplé à la sensualité. Son Decision to Leave, coécrit avec son scénariste fétiche Jeong Seo-Kyeong, racontera l’histoire d’un officier de police (Park Hae-il, vu dans The Host) enquêtant sur le meurtre d’un homme, dans une campagne montagneuse reculée. Le suspect principal étant la femme de la victime (jouée par Tang Wei), le film devrait nous plonger dans leur relation tumultueuse, promettant un long et dense périple bardé de retournements et de mélange de genres. L.A.S
Aucune date de sortie en salles n’a pour le moment été communiquée.
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Image d’ouverture : Avec amour et acharnement (c) Gaëlle Rapp / Curiosa Films