Film de casse, Le Gang des Bois du temple rejoue à la française les codes du polar social de l’âge d’or hollywoodien. Une bande de Robins des bois de banlieue vole le trésor d’un ultrariche (un prince saoudien) pour le redistribuer à des archipauvres (eux-mêmes). L’irrémédiable issue de ce récit nocturne rend ses contours funèbres – d’ailleurs un enterrement ouvre le récit. Pourtant, cette histoire tragique est habitée par la grâce chaque fois qu’elle s’intéresse au quotidien modeste de ces gangsters.
La cité des Bois du temple est baignée d’un soleil qui transfigure ce décor décati, et traversée par l’amour dévot de ces hommes pour les femmes, fatalement sacrifiées, qui partagent leur vie. Le Gang… repose sur ces passages de l’ombre à la lumière, comme ce tableau d’une vue de New York aux bords noirs et au centre jaune que le prince contemple dans une galerie. Il suffit qu’il apprenne qu’il n’est pas à vendre pour aussitôt le convoiter. C’est bien là la morale implacable de ce coup voué à l’échec : Rabah Ameur-Zaïmeche (lire l’entretien p. 38) peint un monde en ruines dans lequel la cohabitation se révèle impossible entre ceux pour qui tout s’achète et ceux pour qui tout se paie.
Le Gang des Bois du temple de Rabah Ameur-Zaïmeche, Les Alchimistes (1 h 54), sortie le 6 septembre