Le cinéma de Miyazaki en 5 obsessions

« Le Garçon et le héron », douzième long métrage d’animation du réalisateur japonais, sort en France ce mercredi 1er novembre. Un film en forme de testament, qui rassemble tous les motifs incontournables du cinéma de Hayao Miyazaki.


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L’expression « film-somme » a beau être galvaudée, il est difficile d’en trouver une meilleure pour caractériser Le Garçon et le héron. Le dernier long métrage de Hayao Miyazaki rassemble toutes les obsessions du réalisateur japonais de 82 ans. La preuve par six.

HAUTEUR ET VERTIGE

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Du Château de Cagliostro (réalisé en 1979), avec son impressionnant donjon, jusqu’à Porco Rosso (1992), l’histoire d’un pilote, en passant par Chihiro, qui emprunte dans Le Voyage de Chihiro (2001) des escaliers vertigineux, tout n’est que hauteur chez Miyazaki. Dans Le Garçon et le héron, le destin de Mahito bascule lorsqu’il grimpe dans une tour, avant de chuter. Le réalisateur « a été très marqué, quand il était jeune, par Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault », analyse Alexandre Mathis, auteur d’Un monde parfait selon Ghibli (publié aux éditions Playlist Society en 2018). Un conte dans lequel un ramoneur et une bergère tentent de fuir une ville toute en verticalité.

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L’EMPREINTE DE LA GUERRE

Né en 1941, Hayao Miyazaki a grandi dans un Japon détruit par la guerre. Il en a gardé un traumatisme profond et des opinions pacifistes. Le Garçon et le héron, qui se déroule dans les années 1940, s’ouvre sur une scène d’incendie pendant un bombardement. Auparavant, dans Le Vent se lève (2013), Miyazaki abordait frontalement la question de la science mise au service d’une armée – le Premier ministre japonais de l’époque, Shinzo Abe, avait d’ailleurs reproché au film d’être antipatriotique. Tandis que le personnage de Porco Rosso lance la phrase célèbre : « Mieux vaut être un cochon qu’un fasciste. »

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 DES MONDES MAGIQUES OUVERTS AUX ENFANTS

Hayao Miyazaki est le spécialiste de l’incursion dans des mondes magiques. Mais seuls les enfants, à l’instar du jeune Mahito dans Le Garçon et le héron, y ont un plein accès. Lorsque Chihiro pénètre chez la terrible sorcière Yubaba, ses parents sont bien là mais transformés en porc. Dans Mon voisin Totoro (1999), les adultes ne voient jamais les créatures pelucheuses devenues l’emblème de Ghibli. « Chez Miyazaki, c’est toujours par la porte de l’enfance que la magie arrive, explique Alexandre Mathis. C’est comme s’il nous disait que le temps du film, on allait redevenir enfant pour, nous aussi, y avoir accès. »

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FEMMES GUERRIÈRES ET EMANCIPÉES

Si c’est bien un garçon qui fait face au héron dans son dernier film, Hayao Miyazaki a toujours écrit des personnages féminins nuancés et émancipés. Princesse Mononoké (2000) incarne la figure de la guerrière courageuse, tout comme l’héroïne de Nausicää de la vallée du vent (2006). Et dans le Garçon et le héron, Mahito peut compter sur une intrépide pirate qui le sortira de bien des ornières. Pour Alexandre Mathis, « Miyazaki s’est émancipé de la figure de la femme à sauver et a d’ailleurs souvent dit que ses héroïnes pouvaient tomber amoureuses, être avec des hommes, mais aussi faire de grandes choses sans eux.»

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ÉCOLO AVANT L’HEURE

Pour Hayao Miyazaki, l’homme a une juste place dans le monde qu’il doit savoir garder. Et donc respecter la nature autour de lui. C’est un enjeu crucial dans Princesse Mononoké, où cette dernière se bat pour sauver sa forêt exploitée. Mais cela apparaît aussi dans Le Garçon et le héron, avec des pélicans qui n’ont plus de nourriture à cause de la surpêche. « L’idéal écolo de Miyazaki, c’est sûrement ce qu’on voit dans Mon voisin Totoro, résume Alexandre Mathis. Les humains cultivent la terre mais c’est vert, il y a des forêts avec des esprits, et tout est apaisé. »

Le Garçon et le héron d’Hayao Miyazaki (Wild Bunch, 2h04), sortie le 1er novembre 

Image de couverture : (c) Wild Bunch