« La première photo représente mes parents. Elle a été prise dans le Var. J’aime beaucoup cette photo, car c’est un des très rares clichés où mon père se tient debout. À cette époque, ma mère, qui est beaucoup plus âgée que lui, devait avoir 45 ans, et mon père 32 ans. La deuxième photo a été prise trente cinq ans plus tard. On voit mon père en fauteuil, assez atteint. Derrière lui, son ami Juan qui s’occupait de lui et, à côté, ma fille. Mon père était atteint d’une sclérose en plaques. Ces deux photos montrent l’évolution de son corps et de sa maladie, ce qui est toujours assez impressionnant. Il a passé vingt-huit ans dans une chambre d’hôpital, donc cet endroit ne me fait pas peur. Je ne suis pas une professionnelle, mais je connais. Et la question de montrer le corps m’a toujours paru importante. Ce n’est pas une question d’information, c’est une question de mettre des mots sur le corps et de le comprendre, et, pour ça, il faut le voir. »
L’archive de Claire Simon : « La question de montrer le corps m’a toujours paru importante »
Dans « Notre corps », Claire Simon plonge au cœur de l’hôpital public pour immortaliser une multitude de corps – féminins pour la plupart – et brosser une fresque documentaire intime, poignante et lumineuse. Pour l’occasion, elle nous a partagé deux photos de famille, prises en 1960 et 1992, qui témoignent de l’évolution de la maladie de son père et remontent aux origines de l’intérêt de cette cinéaste pour la question du corps.