La SRF et l’ARP lancent une pétition pour libérer Jafar Panahi

Le réalisateur de « Taxi Téhéran », incarcéré depuis juillet 2022, a entamé une grève de la faim pour dénoncer sa détention abusive dans la prison d’Evin, en Iran.


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« Aujourd’hui, comme beaucoup de personnes piégées en Iran, je n’ai d’autre choix que de protester contre ce comportement inhumain avec ce que j’ai de plus cher : ma vie. Je refuserai de manger et de boire et de prendre tout médicament jusqu’à ma libération. » Le jeudi 2 février, Tahereh Saeedi, la femme du réalisateur iranien Jafar Panahi, publiait dans une tribune alarmante la décision de son mari.

Emprisonné à Téhéran depuis juillet 2022 par le régime conservateur d’Ebrahim Raïssi, qui l’a condamné en 2010 à purger une peine de six ans pour « participation à des rassemblements et propagande contre le régime », Jafar Panahi explique avoir entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions de sa détention à Evin. Persécuté depuis des années pour ses positions anti régime et sa voix dissidente, le réalisateur espérait voir sa condamnation révisée par la Cour suprême, qui avait ordonné en octobre 2022 la tenue d’un nouveau nouveau procès, la peine prononcée il y a dix ans étant obsolète. Dans sa lettre, le réalisateur dénonce une condamnation qui s’apparent « à du banditisme et à une prise d’otages », de la part d’un système judiciaire vicié, obéissant à des lois arbitraires.

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Face à cette situation révoltante, Les Cinéastes de L’ARP (Société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs) et de la Société des Réalisateurs de Films (SRF) ont lancé une pétition, signée pour l’instant par plus de 2 000 personnes, qui exhorte le gouvernement à s’exprimer publiquement en faveur d’une libération : « Ce cri pour la Liberté nous oblige collectivement. Nous, cinéastes, appelons à sa libération immédiate. Nous appelons nos gouvernements à condamner le plus fermement les crimes terribles du régime iranien contre son peuple, et à protéger la liberté de penser et de créer. Aux artistes et au peuple iraniens, nous réaffirmons notre solidarité indéfectible. »

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Ce cri d’alarme intervient alors que la situation répressive en Iran empire depuis les manifestations déclenchées par la mort en prison de Mahsa Amini en septembre 2022, une jeune Kurde iranienne arrêtée par la police des moeurs pour avoir selon eux enfreint le code vestimentaire strict imposé aux femmes. Depuis, de nombreuses personnalités, dont les actrices Golshifteh Farahani et Taraneh Alidoosti, ont diffusé, en mémoire de Mahsa Amini, des photos d’elles ne portant pas le voile islamique, avant d’être incarcérées.

En juillet 2022, les réalisateurs Mohammad Rasoulof (Un homme intègre) et Mostafa al-Ahmad avaient déjà été arrêtés après avoir signé un appel demandant aux forces de sécurité de ne pas se servir de leurs armes contre les manifestants. Quant à Jafar Panahi, il avait directement mis en cause la répression des artistes en Iran dans son dernier film, Aucun Ours.

Image (c) Jafar Panahi Film Productions