Bien sûr, ce film n’est pas le plus joyeux de la rentrée. On y trouve des personnages plutôt égoïstes, qui se font mal mutuellement, qui restent irrémédiablement seuls. Mais trois heures durant, Matthias Glasner prend le temps de les écouter, d’exposer leurs blessures, d’essayer de voir d’où elles viennent.
Ce qui ne l’empêche pas d’être drôle à certains moments, et nous permet de respirer dans cette sinistrose ambiante, de la relativiser, peut-être de la transformer. Chaque personnage est appréhendé dans une fuite erratique vers l’ombre : le père atteint d’Alzheimer, la mère pas avare en méchanceté elle aussi malade, leur fille, Ellen, qui passe ses journées au bar et s’entiche d’un homme marié ne voulant pas vraiment d’elle, et leur fils, Tom, musicien autocentré qui lui-même va devenir père.
La cruauté, la morbidité, qui rappellent certains films d’Arnaud Desplechin sur fond de conflit familial (Rois et reine, Un conte de Noël…), sont comme neutralisées par ce que retranscrit Glasner à travers leurs échanges. Qu’ils y croient vraiment ou à moitié, qu’ils en aient réellement envie ou pas, le cinéaste les filme en train de se débattre pour renouer des liens, et cette perspective les sauve.
La Partition de Matthias Glasner, Bodega Films (3 h), sortie le 4 septembre