Le film a reçu le Meilleur prix du documentaire aux César 2022.
Sur les hautes montagnes tibétaines, le photographe animalier et coréalisateur du film Vincent Munier invite l’écrivain Sylvain Tesson à partir à la rencontre d’un être peu familier : la panthère des neiges, reine fantôme au milieu des rochers. Croyant observer le vivant en ces lieux désolés, les deux comparses se voient en fait eux-mêmes scrutés par la faune : des yacks, des renards et même des ours, curieux, les dévisagent. Nulle trace du félin cependant. Tandis que Munier se charge de trouver les bons angles, parfois pendant des heures, la voix de Tesson couvre ces images par des tirades sobrement lyriques – reprises dans son essai récompensé par le prix Renaudot en 2019.
Il y fait l’éloge de la patience sans récompense à la clé, que nos sociétés ultra connectées ne reconnaissent plus. Les spectateurs sont placés dans la même position que les personnages : ils enquêtent sur la présence des animaux dans des plans d’ensemble, puis, les découvrant, ils s’émerveillent de leur comportement. Des images rares qui ne peuvent qu’émouvoir, sur une bande originale de Warren Ellis adaptée au tempo de la nature, de celle qui nous laisse sans voix devant ses splendeurs aussi fugaces qu’éternelles.
La Panthère des neiges de Marie Amiguet et Vincent Munier, Haut et Court (1 h 32), sortie le 15 décembre
Image (c) Haut et Court