On songe un peu au beau À bout de course (1988) de en voyant Karnawal. Dans les deux films, des gamins se retrouvent pris dans la cavale et les combines de leurs parents. Ici, cette fuite a lieu à la frontière entre l’Argentine et la Bolivie, pendant le carnaval andin, théâtre de l’inversion des rôles et, pour les héros, d’un renversement des responsabilités entre adultes et enfants.
Alors que le jeune Cabra se prépare pour une compétition de malambo, danse masculine originaire de la Pampa, son père, el Corto, voleur de grand chemin qu’il connaît peu, se manifeste soudain. Vivant avec sa mère et son beau-père, l’ado introverti est entraîné malgré lui dans un des coups de son paternel, et celui-ci risque de lui faire rater son concours…
Cette incommunicabilité, Juan Pablo Félix la capte dans des paysages où père et fils sont filmés à distance, qu’elle soit réelle ou métaphorique : l’habitacle anxiogène d’une voiture traquée, un canyon comme dans les duels de western, l’effervescence et la désorientation du carnaval. Mais cet éloignement sera comblé lorsque Cabra exprimera sa colère rentrée à travers une danse sèche et emportée.
Karnawal de Juan Pablo Félix, Bodega Films (1 h 37), sortie le 11 mai
Image: © Bodega Films