Infos graphiques · Quand le cinéma se met à hauteur d’animaux

Veau, vache, cochon… sous leur air blasé il y a une âme, que le cinéma s’emploie parfois à aller rencontrer, comme « EO », le dernier film-ovni de Jerzy Skolimowski, qui est autant une onomatopée (hi-han) que le nom du petit âne gris à la ganache chagrin dont il raconte les tribulations.


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Au hasard Balthazar (1966)

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Le film de Robert Bresson s’impose comme une inspiration évidente pour EO – Jerzy Skolimowski affirme d’ailleurs qu’il s’agit du seul film qui l’a ému aux larmes. Au hasard Balthazar ou les Mémoires difficiles de l’âne Balthazar, transbahuté d’un propriétaire à l’autre, d’une violence à une autre. Et le cinéaste d’utiliser le petit baudet, animal biblique s’il en est, pour mieux cerner ses congénères à lui, les humains, dont la bêtise n’égale que la cruauté, dont la tristesse ne contrebalance que la souffrance. Balthazar ou l’impossible triomphe de l’innocence. 

« EO » de Jerzy Skolimowski : un film punk et animiste

Babe (1996)

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Et si le meilleur ami de l’homme était le cochon ? Dans Babe. Le cochon devenu berger de Chris Noonan, coécrit par George Miller, un berger soutient un petit porcelet dans son souhait de devenir chien de troupeau. Dans ce conte en prise de vue réelle, les animaux parlent, ils ont des rêves, des ambitions et des désirs. Déjouant les préjugés, le film encourage une vision plus compréhensive des capacités intellectuelles, émotionnelles et sociales de nos voisins de la ferme. Et a déclenché, à l’époque, une grande vague de végétarisme.

Nénette (2010)

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Le dispositif de Nicolas Philibert est simple, mais pas simpliste. Il braque sa caméra sur cette femelle orang-outang de 40 ans à travers la vitre d’où les visiteurs de la ménagerie du Jardin des plantes l’observent. On la voit, elle ; on les entend, eux. Et la magie opère. Nénette devient un pamphlet sur l’ennui et la vacuité presque mortifère de la captivité. Mais c’est aussi un miroir à peine déformant de notre espèce qui, en commentant l’animal humanoïde, entre anthropomorphisme et boutades, en dit long sur notre rapport à l’autre.

Cheval de guerre (2012)

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Adapté du roman de Michael Morpurgo, le film de Steven Spielberg suit le parcours de Joey, un magnifique demi-sang à la robe couleur baie, tout au long de la Première Guerre mondiale, d’un cavalier à l’autre, des tranchées françaises aux boyaux allemands, du champ de labour au champ de bataille. Pourquoi le point de vue du cheval ? Car il a été l’animal sacrifié de la Der des Ders, avec près de huit millions de canassons tués. À travers ses yeux écarquillés, c’est toute l’absurdité de la guerre que le cinéaste pointe du doigt.

L’Ours (1988)

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Dans une structure narrative proche de celle de Dumbo, Jean-Jacques Annaud raconte l’histoire d’un ourson orphelin trouvant un parent de substitution en un ours mâle poursuivi par des chasseurs. Sans aucun dialogue ou presque, le cinéaste nous invite à vivre au rythme de celui qui est considéré comme le double animal de l’homme depuis la préhistoire. Ce qui lui permet de traiter aussi bien de l’orphelinage et de la parentalité que de la question du rapport funeste de l’homme à la nature, et à sa nature.

EO de Jerzy Skolimowski, ARP Sélection (1 h 24), sortie le 19 octobre

Image (c) Skopia Film