FLASHBACK · « Kill Bill. Volume 1 » a 20 ans

Vingt ans après sa sortie triomphale, le sanglant film de vengeance de Quentin Tarantino, porté par Uma Thurman, prend une dimension nouvelle à l’ère post#MeToo.


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Sorti en France en novembre 2003, Kill Bill. Volume 1 marquait le retour de Quentin Tarantino après six ans d’absence. Suivi en 2004 d’un deuxième volet, le film narre la vengeance d’une ancienne tueuse à gages (jouée par Uma Thurman) dont la famille a été assassinée lors de son mariage.

 « Quentin Tarantino assumait une violence moins réaliste avec un sound design quasi parodique par moments, très éloignée de la violence froide de Reservoir Dogs ou Pulp Fiction », confie Célia Sauvage, autrice de Critiquer Quentin Tarantino est-il raisonnable ? (Vrin, 2013). « Pourtant, c’est le film le plus sanglant de sa filmographie et la première fois qu’il utilise des séquences en noir et blanc pour échapper à la censure. »

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Cette violence en apparence ludique est-elle perçue de la même façon aujourd’hui ? Surtout après qu’Uma Thurman a révélé en 2018 dans le New York Times avoir été blessée lors du tournage et avoir subi des étranglements et reçu des crachats du cinéaste, qui voulait rendre certains plans plus incisifs. « Kill Bill fut un tournant contradictoire : le film amorce le virage médiatique d’un Tarantino féministe notamment grâce à son héroïne forte, mais les dénonciations de violences sexuelles [dont Uma Thurman a déclaré avoir été victime dans le même entretien au New York Times, ndlr] commises par Harvey Weinstein, producteur fétiche de Tarantino, ont ensuite remis en perspective son cinéma. C’est dans ce contexte qu’Uma Thurman a pu dénoncer les conditions de tournage sur Kill Bill sans pour autant attaquer frontalement son réalisateur. »

Le statut du cinéaste a en tout cas changé. « Tarantino a dû repenser sa place au sein de l’industrie et passer d’un système de production indépendant aux studios hollywoodiens. Il n’incarne plus un cinéaste hors système et résistant, mais un ancien tourné vers la nostalgie et déconnecté de la modernité politique. » Confirmation avec son prochain film, The Movie Critic, bientôt en tournage ?

Illustration : Sun Bai pour TROISCOULEURS