Au Festival de Cannes 2009, alors que plusieurs réalisateurs habitués de la Croisette (Michael Haneke, Quentin Tarantino, Lars von Trier) se disputaient la Palme, Andrea Arnold fit sensation dès le premier jour de la compétition avec Fish Tank. Un film centré sur Mia (Katie Jarvis), une ado de 15 ans vivant dans une HLM de la banlieue de Londres avec sa mère célibataire et sa petite sœur. Solitaire et aimant danser le hip-hop, la jeune fille va soudain être attirée par le nouveau petit ami de sa mère, Connor (Michael Fassbender)… Historien du cinéma LGBTQ et auteur de divers ouvrages, Didier Roth-Bettoni se souvient de la façon dont Fish Tank secouait le cinéma social britannique.
« À l’époque, on pouvait être tenté de comparer le film à du Ken Loach, mais il y a toujours chez ce dernier un côté sentimental qu’on ne retrouve pas du tout ici. » La dernière partie du film surprenait en montrant la rage de Mia contre cet homme qui se révélait marié, l’adolescente allant jusqu’à enlever la fille de ce père de famille. « Arnold fait un cinéma de révolte, qui s’élève contre les normes sociales et sociétales. Le personnage de Michael Fassbender paraît au début très sûr de lui et de sa séduction, il semble dominer les femmes qui l’entourent. Et, tout d’un coup, il se trouve que c’est juste un pauvre type qui n’assume pas grand-chose, un tigre de papier. C’était puissant, comme retournement du regard. » Précurseur dans sa déconstruction d’une forme de masculinité, Fish Tank remporta, comme le précédent Arnold (Red Road, 2006), le Prix du jury cannois. La cinéaste revient cette année à Cannes avec Bird. L’occasion de figurer encore plus haut au palmarès ?
Andrea Arnold : « J’avais l’idée d’aller du conscient à l’inconscient, montrer le cycle de la vie »
Image : © Sun Bai pour TROISCOULEURS