De la Suisse, on connaissait les images d’Epinal : ses lacs majestueux, ses montagnes paisibles et sa fondue. On connait aussi maintenant son excellent festival de documentaires, Visions du réel, qui se tient depuis 1969 dans la charmante bourgade (« à la fois rustique et hipster », comme nous l’a décrite une personne de l’organisation) de Nyon.
En plus d’une programmation de grande qualité, marquée par une sensibilité féministe et défricheuse, le format du festival nous a enchanté : toutes les salles – et le lac Léman – accessibles à pied en quelques minutes, et une « place du réel » aménagée à chaque édition sur une route avec un bar, un restaurant, un lieu d’accueil, la salle communale transformée en grande salle de projection et une belle terrasse en bois au milieu de ces pôles, façon agora.
Une place et des salles qu’on s’est réjoui de voir bondées dès les premiers jours, signe que les cinéphiles et les habitants n’attendaient bien qu’une chose, pouvoir revenir faire l’expérience des projections collectives, se rencontrer et échanger, après deux éditions sous forme virtuelle à cause de la pandémie. Cette 53e édition se tient jusqu’au 17 avril, et on vous encourage vivement à aller y faire un saut, cette année ou les suivantes.
Fire of Love de Sara Dosa
Portrait fantasque et incandescent du couple de volcanologues français formé par Katia et Maurice Krafft. Soit un montage entre leurs époustouflantes archives vidéo et leurs interventions médiatiques, avec en voix off la cinéaste Miranda July.
Éclaireuses de Lydie Wisshaupt-Claudel
À Bruxelles, deux enseignantes douées d’une détermination hors-du-commun ont fondé une structure inédite, La Petite École, qui accueille des enfants de 6 à 15 ans n’ayant jamais été scolarisés. Éclaireuses offre une plongée dans ce dispositif unique.
Chaylla de Clara Teper et Paul Pirritano
Filmant à parfaite distance une jeune femme du Nord de la France qui se bat pour sortir de la spirale des violences conjugales, Clara Teper et Paul Pirritano cosignent un documentaire exemplaire sur un sujet de tout premier ordre, particulièrement difficile à appréhender de l’extérieur.
Ardente.x.s de Patrick Muroni
Le jeune cinéaste Patrick Muroni dresse un portrait collectif riche et plein de bonne humeur d’un groupe de potes qui s’est lancé dans la fabrication de porno queer et place l’humour, le soutien et la bienveillance au centre.
Getting Old Stinks de Peter Entell
Après le décès paisible de son père, un homme jovial et aimant, l’Américain Peter Entell compose un documentaire ambivalent, autant déclaration d’amour qu’interrogation, en creux, sur la face cachée de ses parents.