Plus d’une fois, on l’a cru mort. Toujours, il a su se réinventer. Désormais, c’est aussi en séries que le western renoue avec le succès. Récemment, Yellowstone, son prequel 1883 ou encore Outer Range l’ont confirmé. Dernière en date, Django affiche l’ambition de donner un bon coup de polish à ce genre traditionnel. Du film du même nom de Sergio Corbucci, la série garde l’ambiance boueuse et le personnage principal, ancien soldat devenu vagabond (Matthias Schoenaerts, qui porte toute la misère du monde sous son chapeau).
Ce Django-là a perdu toute sa famille huit ans plus tôt, mais reste persuadé que sa fille, Sarah, a survécu. Il retrouve sa trace à New Babylon, une ville fondée par John Ellis, esclave affranchi. Derrière ses murs, on accepte tous les marginaux. Et on se prépare à un affrontement sans merci contre Elizabeth (Noomi Rapace), riche propriétaire terrienne le jour et vengeresse masquée la nuit… Django est une franche réussite dans l’appropriation et la distorsion des codes du western. On retrouve les fusillades, les batailles de saloon et, surtout, cette nécessité viscérale de se battre pour son espace, aussi bien géographique que psychique.
Mais, ici, le héros solitaire se révèle lâche, et on apprend qu’accueillir les rebuts de la société dans sa ville ne fait pas de vous un bon samaritain. Comme un pied de nez à un genre éminemment patriarcal, la série pousse les cow-boys à s’interroger sur leur sexualité, tandis qu’Elizabeth est la garante de l’ordre moral réactionnaire. Difficile, d’ailleurs, pour une série coécrite et en grande partie réalisée par des femmes italiennes, de ne pas voir le lien avec l’élection de l’extrême-droitière Giorgia Meloni chez nos voisins transalpins. Preuve que le western a encore des histoires très contemporaines à raconter.
à partir du 13 février sur Canal+
Images (c) Cattleya / Atlantique Productions / Sky Italia / Canal+ – Credit: Cos Aelenei