« DAAAAAALI ! », le délicieux hommage surréaliste de Dupieux à Dalí

Avec cet hommage farfelu au peintre Salvador Dalí, incarné par cinq comédiens qui s’amusent comme des petits fous, Quentin Dupieux signe une comédie d’une réjouissante liberté dans laquelle l’impossible portrait d’un artiste engendre un florilège de rêves et de visions qui remettent l’imagination au pouvoir.


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Passé maître dans l’art d’enchaîner rapidement les films, Quentin Dupieux revient six mois après le succès de Yannick avec un nouvel opus justement conçu comme une ode à la liberté créative et à l’expérimentation. Sous forme d’un hommage au peintre espagnol Salvador Dalí, artiste surréaliste et génie de la communication qui a marqué le XXe siècle de son empreinte, le réalisateur propose une douce déambulation onirique à partir d’une trame fantaisiste : une journaliste française (Anaïs Demoustier) cherche à interviewer Dalí, lequel passe son temps à se dérober et à formuler de nouvelles exigences si bien que la timide intervieweuse devra redoubler d’efforts pour concrétiser son projet.

Adoptant une structure ludique faite d’emboîtements et de boucles narratives, Dupieux a choisi de confier le rôle de Dalí à différents comédiens qui incarnent tour à tour le désopilant artiste. Interprété au gré de l’humeur par Édouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Gilles Lellouche et Didier Flamand, Dalí apparaît comme une figure insaisissable, mégalomaniaque et en constante métamorphose. Si cette multiplication des Salvador engendre un humour aux registres variés, le supplément d’âme vient du soin apporté à l’esthétique et aux couleurs. Après un premier plan qui donne vie au tableau Fontaine nécrophilique coulant d’un piano à queue,le cinéaste tente ainsi, à travers une élégante mise en scène, d’approcher l’univers mental du peintre. Entre deux clins d’œil au cinéma de Luis Buñuel (qui créa avec Dalí Un chien andalou), Dupieux invite aussi la musique mélancolique de Thomas Bangalter, ex-Daft Punk, qui signe une ritournelle entêtante illustrant la personnalité obsessionnelle de Dalí. Ce curieux objet filmique, qui traite également de l’angoisse face au passage du temps, sonne comme un tendre appel à ce que l’imagination artistique regagne le cœur de la société.

Daaaaaalí ! de Quentin Dupieux, Diaphana (1 h 17), sortie le 7 février