« Charlotte » : les couleurs du passé

Ce biopic d’animation déchirant raconte comment, pendant la Seconde Guerre mondiale, la jeune peintre Charlotte Salomon a dessiné ce qui sera plus tard considéré comme le premier roman graphique, recherchant la beauté pour s’extraire de multiples souffrances.


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Dans le Berlin des années 1930, la jeune Charlotte Salomon intègre les Beaux-Arts. Mais, issue d’une famille juive, elle est forcée de fuir son pays avec la montée du nazisme, et finit par rejoindre ses grands-­parents sur la Côte d’Azur en 1939.

Elle découvre que les femmes de sa famille ont des pulsions suicidaires et comprend, quand elle en devient elle-même victime, que tout est lié à son grand-père. Pour surmonter ces terribles épreuves, elle se met à représenter sa vie en peignant plus d’un millier de gouaches en dix-huit mois, se limitant aux couleurs primaires et bannissant le noir, pour former une œuvre qu’elle intitule Vie ? Ou Théâtre ?

Éric Warin et Tahir Rana reprennent cette palette pour raconter son destin tragique et son émancipation par l’art, insufflant une poésie et une douceur indispensables pour appréhender de si lourds sujets. Presque quatre-vingts ans après sa mort dans le camp d’Auschwitz, où elle a été déportée à 26 ans après avoir été dénoncée à la Gestapo, les cinéastes lui rendent un hommage vibrant, fidèle à son œuvre unique, léguée au musée historique juif d’Amsterdam et publiée en France par Le Tripode il y a sept ans.

Charlotte d’Éric Warin et Tahir Rana, Nour Films (1 h 32), sortie le 9 novembre