Comment transformer le souvenir personnel en matière collective, en mémoire historique ? Pour le graphiste Philippe Apeloig, il suffit de regarder autour de soi. Devenues invisibles, noyées dans notre perception quotidienne, les plaques commémoratives de la Seconde Guerre mondiale, dispersées partout sur les murs de Paris, forment un récit polyphonique que l’artiste a décidé d’exhumer. Passionné de typographie, Philippe Apeloig a photographié ces noms taillés dans la pierre, et les a réunis dans une oeuvre qui sera projetée sur les murs du Panthéon, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. En parallèle, l’artiste a demandé à l’acteur-réalisateur Denis Podalydès de prêter sa voix à un court-métrage sur les coulisses du projet, visible sur mk2 curiosity en ce moment, qui examine la genèse du projet.
On y découvre que Ces murs qui nous font signe a été conçu comme une mosaïque d’images qui convoque les destins des disparus de l’Occupation pour les faire résonner avec les tombes de ceux qui dorment dans la crypte du Panthéon. Construite comme un puzzle capable de redonner un visage et une identité à ces résistants et victimes de la déportations – certains inconnus, d’autres anonymes -, cette oeuvre est une généalogie pédagogique, qui rend aussi hommage aux orfèvres derrière la réalisation des plaques.
« J’ai appris à aimer l’anatomie harmonieuse ou disproportionnée des lettrages, la façon dont des artisans graveurs avaient oeuvré à augmenter la lisibilité des mots avec le souci d’embellir ces traces écrites et de leur donner cette force stylistique ténue, austère et mélancolique » narre Denis Podalydès, porte-parole de Philippe Apeloig dans ce court-métrage qui multiplie habilement les split-screens et les jeux de surimpression pour nous faire comprendre la démarche de l’artiste.
Projections symboliques, ces plaques apparaissent comme des empreintes fugaces d’un passé dont nous sommes les héritiers parfois inconscients. Travail archéologique, expérience in situ, Ces murs qui nous font signe est aussi une façon d’échapper à la logique parfois mortifère de l’hommage aux défunts : ces plaques chorégraphiées comme des tableaux vivants et mis en mouvement sont davantage des signes d’éternité que des tombeaux figés.
Le court-métrage qui accompagne la projection est à voir sur mk2 curiosity
Ces murs qui nous font signe de Philippe Apeloig : jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 septembre 2021 lors des Journées européennes du patrimoine. Durée : de 20h00 à minuit / Projection sur les façades extérieurs du Panthéon / Evènement gratuit