La reine d’Angleterre dans Elizabeth (1998)
C’est le rôle qui a lancé sa carrière internationale. Dans ce film d’époque réalisé par l’Indien Shekhar Kapur (et qui connaîtra une suite en 2007 avec Elizabeth : L’Âge d’or), elle incarne la reine Elisabeth 1ère, qui fut reine d’Angleterre et d’Irlande de 1558 à sa mort en 1603. Prise dans les filets de luttes de pouvoir, placée au centre de décors somptueux, Cate Blanchett irradie d’une beauté froide pour passer, imperturbable, de l’innocence à la puissance. Le teint d’albâtre de l’actrice contraste avec ses crinolines aux couleurs vives, du rouge sanglant au doré. Elle confère à ce personnage sans roi, ni descendance un statut de femme forte, tout en l’éloignant des conventions afin d’en faire une véritable meneuse. En incarnant avec autant de prestance ce personnage historique, Cate Blanchett s’est clairement imposée dans la cour des grand·e ·s.
Katharine Hepburn dans Aviator de Martin Scorsese (2005)
Dans ce biopic culte du grand Martin Scorsese, Cate Blanchett campe la mythique actrice hollywoodienne Katharine Hepburn (qui, si vous l’ignoriez, détient encore aujourd’hui le record de l’actrice la plus oscarisée, notamment grâce à ses rôles chez George Cukor ou Howard Hawks). Grandiose, l’actrice brille dans un look rétro (rouge à lèvres vif, pantalons de satin, coupe crantée puis courte). Comme son illustre prédécesseuse, Blanchett refuse de disparaître dans l’ombre d’un homme, en l’occurrence son partenaire Leonardo DiCaprio, qui interprète le rôle de Howard Hugues, célèbre homme d’affaires, producteur et aviateur américain qui fut l’amant de Hepburn. Dans cette fresque glamour, l’actrice est totalement électrisante.
Bob Dylan dans I’m not There Todd Haynes (2007)
Dans ce puissant et audacieux voyage dans les nombreuses vies de l’emblématique musicien et poète, tour-à-tour interprété par Christian Bale, Richard Gere, Charlotte Gainsbourg ou encore Heath Ledger, Cate Blanchett livre l’une de ses performances les plus incroyables. Paire de lunette noire greffée sur le nez, cigarette à la bouche, coupe ébouriffée… L’actrice bouscule les codes, pousse jusqu’au bout son androgynie. Comme un manifeste contre une société trop rigide, son jeu l’impose comme une icône queer, préfigurant ses rôles dans Carol ou Tár. Elle est la magnifique pièce maîtresse du grand puzzle expérimental de Todd Haynes.
Jasmine dans Blue Jasmine de Woody Allen (2014)
Dopée au cynisme, à la fausse humilité et au Xanax, Jasmine, en tailleur et cou habillé d’un collier de perles, révèle la capacité de l’actrice à donner du mordant à ses personnages, même quand ces derniers traversent une crise existentielle. Son jeu flirte avec l’humour pinçant de Woody Allen. L’instabilité, la nervosité de cette héroïne (une mondaine new-yorkaise qui décide de tout envoyer bouler et de s’installer à San Francisco avec sa sœur Gringer) la mènent toujours au bord de la folie. Un délicat exercice de funambule que Blanchett maîtrise à la perfection.
Carol dans Carol de Todd Haynes (2016)
Encore une fois, le duo Blanchett-Haynes fait des étincelles. Dans ce poignant et sublime drame amoureux, qui prend place dans l’Amérique puritaine des années 1950, l’actrice joue une new-yorkaise bourgeoise malheureuse en ménage, qui tombe sous le charme d’une jeune employée de grand magasin (géniale Rooney Mara). Soumise à l’oppression patriarcale, ce personnage ne plie pas, se laisse attirer dans cette douce passion lesbienne sans effusion. Dans cet écrin élégant, Cate Blanchett redonne chair et vie à l’épouse américaine typique, trop souvent reléguée, dans l’imaginaire collectif, à la sphère domestique. Avec ce rôle, Cate Blanchett craquèle avec douceur cette image de papier glacé.
« Tár » de Todd Field : symphonie paranoïaqueCate Blanchett a prêté sa voix à un personnage de « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick