C’est l’un de nos plus grands documentaristes. Récemment couronné d’un Ours d’Or au festival de Berlin pour Sur l’Adamant (2023), premier volet d’une trilogie sur les soins en psychiatrie dont la suite, Averroès & Rosa Parks, est sortie au cinéma ce 20 mars, Nicolas Philibert remettra l’Œil d’or le 24 mai prochain. Ce prix a été créé en 2015 par la Société civile des auteurs multimédia pour distinguer le meilleur documentaire parmi toutes les sélections cannoises (Sélection officielle, Quinzaine des cinéastes, Semaine de la critique…)
Nicolas Philibert, qui a commencé en tant qu’assistant sur Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère (1973) de René Allio, a toujours fait preuve de discrétion, de tact et de finesse pour approcher les individus qu’il filme, des écoliers d’Être et avoir (2001), à Nénette (2010), la femelle orang-outang de la Ménagerie du Jardin des Plantes, en passant par les animateurs de La Maison de la radio (2012).
En 2018, en entretien pour son film , il nous donnait sa ligne de conduite pour réaliser des films : « Faire des films, c’est transmettre une vision du monde. C’est se poser des questions de narration, se demander comment traduire ce que l’on a ressenti et ce que l’on a envie de faire passer. En même temps, je trouve que quand le « vouloir dire » est trop prégnant, c’est nuisible. L’ennemi, c’est l’intention, comme disait André S. Labarthe. Les films à thème ou à message, il n’y a rien de pire. »
On peut donc imaginer que l’Œil d’or 2024 échappera aux idées préconçues comme aux narrations convenues.