Pour découvrir le film, c’est par ici.
Quand on lui donne carte blanche pour réaliser une série en quatre épisodes, Bruno Dumont en profite à fond. Pour cette première expérience télé, le cinéaste s’essaie à la comédie et réalise une sorte de version Pas-de-Calais du Club des Cinq. Il propose par bravade cette enquête bizarroïde au Festival de Cannes… qui l’accepte.
Une vraie surprise pour les acteurs non-professionnels. Bernard Pruvost, ancien ouvrier, devient une star du Nord pour son rôle du capitaine Van Der Weyden. Secoué de tics, bafouillant ses ordres et surnommé “le Brouillard” par son lieutenant en raison de sa clarté d’esprit vacillante, ce personnage a fait son grand retour en 2024 dans L’Empire, revisite ch’ti de Star Wars par Dumont.
Avec affection, le cinéaste montre la région et ses habitants tels qu’il les connaît : grisaille et paysages splendides, racisme et grande humanité.
Pour mieux capter la splendeur des vastes étendues de la Côte d’Opale, Dumont filme en cinémascope. Ce format, plus étiré en largeur que la version TV, est préservé pour le “film” P’tit Quinquin, qui montre les paysages dans toute leur majesté. C’est cette version cinéma projetée à Cannes – les quatre épisodes mis bout à bout – qu’on vous propose ici.
Dans ces décors magnifiques et émouvants, Dumont refuse tout romantisme. Quand les enfants vont dans la mer, c’est pour pisser. La seule scène de larmes se déroule devant une porcherie. Et à l’enterrement, le curé se marre.
Tout est en décalage. Les crimes sont si atroces et grotesques qu’on finit par en rire. L’enquête, menée par deux policiers d’une nullité désolante, piétine d’un épisode à l’autre. Truffé de dialogues hilarants, de situations aussi improbables que visuellement splendides (une vache hélitreuillée qui vole au-dessus des champs), P’tit Quinquin, c’est du jamais vu.
Au programme également :
Une autre comédie, cette fois-ci d’un habitué et génie incontesté du genre : Charlie Chaplin. Pour Une vie de chien (1918), il jouit pour la première fois d’une totale liberté, tournée dans ses propres studios qu’il vient de faire construire. Pour la première fois aussi, il délaisse sa canne pour… la laisse de son alter-ego canin !
Puis on explore l’œuvre d’un autre cinéaste mythique d’Hollywood. A l’occasion de la sortie de l’exubérant Megalopolis, on rend hommage en images à Francis Ford Coppola et à son chef op’ de génie Vittorio Storaro dans Francis Ford Coppola : La couleur des ténèbres.
Un autre immense chef op’, Pierre-William Glenn, emblématique de la Nouvelle Vague, vient de nous quitter. Il a notamment signé les images du magnifique film mystère de la semaine, sur une histoire d’amour dans l’après-Mai 68. Cliquez ici pour avoir la réponse et en prendre plein la vue.