Toujours derrière ses lunettes fumées, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami, disparu en 2016 à Paris à l’âge de 76 ans, cachait bien son jeu avec son air d’ascète : d’une profondeur existentielle rare, son œuvre est aussi incroyablement ludique. De ses premiers films pédagogiques (Les Couleurs, Rage de dents) jusqu’à ses photographies animées numériquement (24 Frames), en passant par ses anti-road movies entêtants comme ce Goût de la cerise, l’artiste a expérimenté bien des médiums – cinéma, poésie, photographie, vidéo –, maniant l’art de la surprise et de la bifurcation avec la même malice que les enfants têtus qu’il a toujours aimé filmer.
Chef-d’œuvre conceptuel et bouleversant, Le Goût de la cerise, road-movie à la mise en scène contemplative, suit un homme qui part à la recherche d’un volontaire pour effectuer une mission rémunérée mais délicate. En chemin, il rencontre une galerie de personnages marginaux, qui incarnent la complexité de la société iranienne en mutation : un étudiant en théologie, un gardien de musée… Leit-motiv récurrent chez Kiarostami, la voiture joue le rôle de capsule, d’écran, d’œil tout puissant capable d’enregistrer le monde et de structurer l’avancée du récit.
Au programme également : Pendant cet Été Curiosity, découvrez également chaque semaine les films préférés d’un cinéaste, qu’il a sélectionnés rien que pour vous dans notre catalogue. Cette semaine, Martin Jauvat, réalisateur du délirant et génial Grand Paris, nous dévoile ses plaisirs cinéphiles. On a également l’immense plaisir de recevoir pour 15 jours le réalisateur Patric Chiha à l’occasion de la sortie de son nouveau film mercredi prochain, La Bête dans la jungle. Il nous offre son premier long métrage Domaine (2009), avec Béatrice Dalle, et a lui aussi choisi ses films préférés du catalogue Curiosity.