Filmé en seulement onze jours dans des bidonvilles sous étroite protection policière afin d’éloigner les éventuels gangs du tournage, puis brièvement censuré par le président Ferdinand Marcos qui le juge trop critique envers l’Etat, Insiang est aujourd’hui considéré comme l’un des chefs d’œuvre du cinéma philippin. Et Lino Brocka comme son ambassadeur le plus remarquable.
À travers la représentation de bidonvilles gangrénés par le manque de travail et la profusion d’alcool, et en dénonçant une société où les hommes considèrent les femmes comme des proies, le réalisateur pose un regard engagé sur les conditions de vie et les rapports sociaux au sein de son pays. Des existences miséreuses qui ne peuvent mener qu’au sinistre cercle vicieux de la violence, capable de corrompre l’individu le plus vertueux.
Grâce à un travail remarquable sur le cadrage, à une photographie extrêmement soignée et à une bande son mélancolique, Brocka insuffle une force prodigieuse à cette histoire en apparence anodine. Le tout sublimé par la performance de l’interprète principale, Hilda Koronel.
Cette représentation de la misère et de la violence rappelle le travail des cinéastes italiens Pier Paolo Pasolini avec Accattone (1961), ou Vittorio De Sica dans Le Voleur de bicyclette (1948).
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Cette belle sélection spéciale Quinzaine des cinéastes met en avant d’autres pépites du cinéma mondial, comme Le droit du plus fort (1975) du génial Rainer Werner Fassbinder, La Pendaison (1968) de Nagisa Ōshima, Kisapmata (1981) de Mike De Leon et plein d’autres pépites. Le nouveau délégué général de la Quinzaine, Julien Rejl, et son comité de sélection, ont choisi pour vous leurs films préférés de l’histoire de la Quinzaine, auxquels on a ajouté nos propres coups de cœur. Découvrez également un portrait indispensable du cinéaste chinois Wang Bing, et, bien sûr, notre série Cannes, versant cul : nos montages des scènes les plus hot des films cannois.
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