À voir sur Arte : le concert « Transfiguré – 12 Vies de Schönberg » mis en scène par Bertrand Bonello

A l’occasion des 150 ans de la naissance du compositeur Arnold Schönberg, la Philharmonie de Paris lui rend hommage avec un concert mêlant musiques, danses et animations graphiques. Un spectacle stupéfiant orchestré par le réalisateur de “Saint Laurent”.


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En janvier 2024, Bertrand Bonello s’approprie la Salle Boulez de la Philharmonie de Paris pour le spectacle Transfiguré – 12 Vies de Schönberg, qui retrace la vie et l’œuvre du compositeur autrichien, de ses débuts à Berlin jusqu’à sa fuite aux Etats-Unis après l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933. A l’aide d’une centaine de musiciens dirigés par Ariane Matiakh, de 80 choristes, de danseurs et d’acteurs, le réalisateur donne vie à 12 de ses morceaux.

Le choix du chiffre 12 n’est pas anodin, puisqu’il est au centre de la plus grande invention du compositeur : le dodécaphonisme, une manière de faire entendre successivement les 12 tonalités d’une gamme chromatique sans jamais les répéter. Une principe fondateur de la musique atonale qui fait de lui non seulement le pilier de la Seconde École de Vienne, mais aussi un des précurseurs de la musique contemporaine.

Grâce aux mouvements des danseurs et à des animations vidéos (certainement tiré des quelques toiles peintes par Arnold Schoenberg lui-même), Bertrand Bonnelo mêlera les créations exigeantes du compositeur aux troubles du XXe siècle : “J’ai trouvé l’articulation entre l’œuvre de Schönberg et les dévastations historiques, mais aussi intimes, qui accompagnent la montée du nazisme, grâce au livre de Charlotte Beradt Rêver sous le Troisième Reich. Journaliste et proche amie de Hannah Arendt, elle recueillit, avant de fuir l’Allemagne à la veille de la guerre, les rêves de ses compatriotes qui illustrent l’invasion de la terreur au plus profond des êtres, ainsi que la subtile dualité entre résistance psychologique et intériorisation des normes totalitaires. À l’énonciation de ces rêves par les comédiens, mais aussi par la projection des mots, répondent le Concerto pour piano de 1934 et le Kol Nidre de 1938” , explique-t-il dans un article publié par la Philharmonie.

Une belle manière pour le réalisateur – qui a d’ailleurs suivi une formation de musique classique – de rendre hommage à un compositeur qui l’a accompagné toute sa jeunesse :“Vers mes huit ou neuf ans, mon professeur a choisi quelques pièces courtes de Schönberg, en me disant qu’elles ne me plairaient peut-être pas, mais qu’au moins je pourrais les jouer ! Il m’a porté chance ; j’ai continué à le jouer, et quelques années plus tard je suis tombé sur Schönberg à l’option musique du bac. Je lui dois même mon diplôme, car je n’étais pas très fort dans les autres matières.”

Le spectacle Transfiguré – 12 Vies de Schönberg sera à la Philharmonie du 9 au 11 janvier 2024. Il reste encore des places ! Il sera ensuite rediffusé sur Arte.

Photo : Arnold Schönberg peint par Egon Schiele