« À plein temps » d’Éric Gravel : sans répit

Forte de premiers rôles incandescents, Laure Calamy confirme qu’elle sait tout jouer avec ce film social en forme de compte à rebours, présenté en section Horizons à la Mostra de Venise, où la Française a décroché un Prix d’interprétation.


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La comédienne y campe Julie, une mère célibataire comme il en existe des centaines de milliers en France, confrontée à une double charge de travail. De surcroît, Julie, qui vit à la campagne avec ses deux enfants, doit se rendre quotidiennement dans la capitale, où elle gère un groupe de femmes de chambre qui travaillent dans l’hôtellerie de luxe. Lorsqu’elle décroche l’entretien d’embauche dont elle rêvait, une grève des transports éclate. C’est son équilibre tout entier qui se trouve alors menacé…

Le deuxième film d’Éric Gravel (après Crash test Aglaé en 2017) oppose à la torpeur d’un certain cinéma social une frénésie ininterrompue ; frénésie du montage, des déplacements, des décors, dans lesquels Julie s’engouffre comme on s’enfoncerait dans un trou noir. Mais Laure Calamy, dont la pulsion de (sur)vie sied à merveille à son personnage, ne se désintègre pas si facilement dans le cosmos.

Bien au contraire, elle permet à la complexité du propos social (la grève est filmée du point de vue d’une mère isolée, prise en otage par la situation) de s’incarner à une échelle microscopique : celle d’une femme qui, malgré la force bien réelle de ses désirs, voit son horizon suspendu aux lèvres de sa condition salariale.

Laure Calamy, en corps

À plein temps d’Éric Gravel, Haut et Court (1 h 25), sortie le 16 mars.

Image : Laure Calamy dans À plein temps, © Haut et Court