5 sons emblématiques dans la filmographie de Chantal Akerman

Chez Chantal Akerman, le silence est roi. Son cinéma radical est hanté par un quotidien en apparence paisible, des dialogues feutres, qui rendent d’autant plus saillants quelques excursions musicales, qu’on se propose d’explorer à l’occasion de la rétrospective consacrée à la cinéaste belge ce mois-ci.


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Sonate pour violoncelle et piano de Robert Schumann dans Letters Home

Dans cette captation d’une pièce de théâtre de François Merle, Delphine Seyrig et Coralie Seyrig lisent la correspondance entre la poétesse américaine Sylvia Plath et sa mère. Hanté par le désir commun et impossible d’une liberté que la société patriarcale leur refuse, cet échange à la fois cristallin et fort est ponctué par la sonate pour violoncelle et piano de Robert Schumann, Claude Debussy, Serge Prokofiev et Dimitri Chostakovitch. Les revendications féministes des deux femmes semblent alors s’élever comme un chœur solennel et dépouillé.

Chantal Akerman : tous nos articles sur la cinéaste de génie

L’île des morts de Rachmaninov dans La Captive

Profondément tragique, le poème symphonique L’île des morts de Rachmaninov traverse cette adaptation de La Prisonnière de Marcel Proust. Comme un laïus, il scande les longues séquences où le héros, Simon, traque Ariane pour démasquer ses infidélités. Jusqu’à cette séquence finale en bateau, où les vagues de la mer se mêlent à la partition funèbre de Rachmaninov, elle-même inspirée par le tableau d’Arnold Böcklin, L’Île aux morts. Le choix de ce morceau enchaîne définitivement Simon à son obsession amoureuse mortifère. 

« Golden Eighties » de Chantal Akerman : la mode au service des sentiments

Ma Révérence de Véronique Sanson dans Toute une nuit

Dans un slow langoureux et mélancolique, l’un des nombreux couples de Toute une nuit (1982), s’enlace passionnément dans un café. Cette danse aux allures aussi étrange que maladroite est bercée par la mélodie entêtante d’une icône de la chanson française, Véronique Sanson, qui avec Ma révérence, donne à la scène des airs de dernière danse avant la fin du monde.

Its wonderful de Paolo Conte dans Un Divan à New York

Un divan à New York s’ouvre sur des plans de Central Park à la tombée de la nuit sur cet air qui laisse déjà présager la suite. Pour son incursion dans la romcom à l’américaine, Chantal Akerman s’entoure de Juliette Binoche et William Hurt, qui, après un échange d’appartement entre Paris et New York via les petites annonces d’un journal, commencent à éprouver des sentiments l’un pour l’autre. It’s wonderful de Paolo Conte, accompagne cette idylle de sa mélodie joyeuse et entêtante, également présente dans plusieurs autres long métrages (Tu me troubles, Eaux profondes) et publicités.

Aria pour Violoncello de Boris Tchaïkovski dans D’est

6 films méconnus de Chantal Akerman à découvrir

Alors que le documentaire D’est (1993) touche quasiment à sa fin, l’apparition de la violoncelliste russe Natalia Chakhovskaïa jouant l’Aria pour violoncelle solo de Tchaïkovski est comme une incursion musicale merveilleuse répondant à la grisaille moscovite. Avec cette séquence, Chantal Akerman transporte le spectateur au cœur de la culture russe tout en prenant le contrepied des nombreuses séquences silencieuses de ce film, portrait élégant et expérimental des pays de l’ex-bloc communiste.