5 scandales cannois vus à la loupe

« Nous tendions un miroir aux gens et ils n’ont pas aimé se voir dedans », s’est défendu Philippe Noiret peu de temps après la (très) houleuse projection cannoise de « La Grande Bouffe » de Marco Ferreri, en 1973. Provocations, sifflets, dégoût voire carrément malaise : les films-chocs ont aussi fait l’histoire de Cannes. À l’occasion de la ressortie du désormais classique de Ferreri (le 24 mai) et de la 76e édition du Festival, du 16 au 27 mai, on vous propose un petit tour des scandales de la Croisette. Oh là là !


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LE POING LEVÉ

Viser la lune, on ne sait pas, mais invectiver une salle comble lors de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes de 1987, ça ne lui a pas fait peur, à . Alors qu’il monte sur scène pour recevoir sa Palme d’or pour Sous le soleil de Satan, qui lui a été décernée à l’unanimité par le jury, Pialat est accueilli par des sifflets et des huées. Sans flancher, le cinéaste se place tranquillement devant les micros et déclare : « Et si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus », avant de lever le poing. Culte.

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RÉCONCILIATION DIFFICILE

Quoi ? Nuit et brouillard, le film pédagogique, essentiel, de trente-deux minutes d’Alain Resnais a fait scandale ? Eh bien oui. L’annonce de sa sélection, pour le Festival de Cannes 1956, crée la polémique. On accuse le film de salir la réconciliation franco-allemande et, à travers un furtif plan d’un gendarme français au camp d’internement de Pithiviers, de ointer la responsabilité de la France dans la Shoah. Les patriotes n’aiment pas. L’ambassade d’Allemagne non plus. Le film sera finalement projeté à Cannes, mais hors Compétition. Et, ironie de l’histoire, c’est Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle qui décrocheront la Palme, avec… Le Monde du silence.

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SALE ANNÉE POUR INGRID

En 1973, la présidente du jury Ingrid Bergman passe un mauvais moment avec les œuvres françaises en Compétition, qu’elle considère comme « sordides » et « vulgaires ». Les films en question ? La Grande Bouffe, donc, et La Maman et la Putain. Alors que la ressortie du grand-œuvre de Jean Eustache a récemment cartonné, l’enthousiasme n’était pas le même lors de sa présentation sur la Croisette. Le réalisateur a dû quitter la salle, Gilles Jacob, alors critique, le taxait de « film merdique », et son collègue Jean-Louis Bory déclarait que « Jean-Pierre Léaud joue faux et reste faux ». Le jury, lui, a aimé : Grand prix.

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COUP DOUBLE POUR L’ITALIE

En 1960, ce sont les montagnes russes pour la modernité transalpine. D’un côté, La dolce vita de Federico Fellini provoque la colère des instances religieuses et est accusé de tous les maux : désinvolture, décadence, néant, brûlot vulgaire (rayer les mentions inutiles). De l’autre, L’avventura de Michelangelo Antonioni est sifflé, hué et moqué pendant sa projection, les spectateurs rejetant en bloc son abstraction et son rythme lent. Pour finir, les deux films ont respectivement remporté une Palme d’or et un Prix du jury. #HatersGonnaHate

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HOT (WHEELS) D’OR

Le sexe et les voitures, les festivaliers de Cannes les aiment bien, mais séparément. Tout a commencé en 1996 quand de David Cronenberg débarque sur la Croisette. Horreur ! Malheur ! La ribouldingue à côté des accidents de la route, ça ne passe pas du tout. Nausées et huées sont au programme, mais Francis Ford Coppola n’en a cure et lui remet le Prix spécial du jury. Rebelote en 2021 avec Titane de Julia Ducournau. Une femme qui couche avec une voiture (et qui, bon, tue des gens également), ça provoque des cris d’orfraie. Mais aussi une Palme d’or.

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