5 références à Batman dans la pop culture

Imaginée par le dessinateur Bob Kane et le scénariste Bill Finger à la fin des années 1930, la figure indomptable du Batman, son imaginaire sombre et ses héros masqués ont largement inspiré les arts visuels. Popularisé par les films de Tim Burton, puis Zack Snyder et Christopher Nolan, le Batverse est devenu une matrice incontournable, tournée en dérision ou pastichée avec amour. La preuve en cinq exemples.


2997d555 c33c 454e ab1f 0f4ff1c72e9c monica2

Batman Dracula, l’hommage lunaire d’Andy Warhol

En 1964, Andy Warhol réalise un essai expérimental muet en noir et blanc, présenté comme un hommage psyché à l’homme chauve-souris.  Réalisé sans l’autorisation de la DC Comics, éditeurs des bandes-dessinées et détenteurs des droits d’auteurs, le moyen-métrage a été tourné sur les plages de Long Island, sur les toits de New York et à la « Factory », atelier d’artiste d’Andy Warhol. Jack Smith (qui réalisera plus tard le sulfureux Flaming Creatures) y campe une double figure énigmatique, tout à la fois Batman et Dracula, protecteur et assassin. Pour matérialiser cette dualité du « batcula », qui synthétise deux facettes du personnage – un bienfaiteur torturé et un animal de nuit prédateur -, Warhol utilise des surimpressions à répétition et un puissant montage par analogie.

Le film était alors projeté lors d’expositions underground.  Après la mort de l’artiste iconoclaste en 1987, l’œuvre a longtemps été considérée comme perdue, jusqu’à la sortie du documentaire Jack Smith and the Destruction of Atlantis de Mary Jordan en 2006, qui a participé à sa réhabilitation et enclenché des recherches des images égarées.

« The Andy Warhol Diaries » : la série sur le pape du pop art a une bande-annonce

Le Bat Gremlin, clin d’œil de Joe Dante

Lorsque Joe Dante réalise le second opus de la saga Gremlins en 1990, il n’oublie pas son clin d’œil au héros légendaire. Dante, grand cinéphile, y cultive l’art des références et berce ainsi son public dans des ambiances qu’il connait et reconnaît avec complicité.  Dans Gremlins 2 : The new batch apparait alors « The Bat Gremlin », une créature évolutive qui, après une sinistre expérience chimique, se voit pousser des ailes et s’envole vers la ville en laissant dans un mur l’empreinte du célèbre Bat Signal. Au-delà de l’hommage ludique, cette référence parodique est aussi une manière de nous signifier que le Gremlin, sous son sourire édenté, a peut-être un potentiel caché de super-héros.

Fun fact : Joe Dante s’est depuis confié au magazine Psychotronic Cinema, auquel il a révélé avoir souhaité réaliser un film sur Batman avec l’aide de Tom Mankiewicz au scénario (Fureur à la plage, Vivre et laisser mourir) et John Lithgow (Blow Out, The Crown) dans le rôle du Joker, super-vilain et ennemi juré de Bruce Wayne. Une adaptation qu’il voulait plus sombre que la série télévisée de l’époque et qui finalement, n’a pas vu le jour, au profit du Batman de Tim Burton, sorti en 1989.

Chamailleries entre amis

La sitcom adulée Friends (1994-2004) offre également son lot de références au mythique chevalier noir. L’épisode 6 de la saison 8 « The One with the Halloween Party » en est un parfait exemple. Monica est alors déguisée en Catwoman (le pendant féminin et félin de Batman) et Phoebe, en Supergirl, super-héroïne appartenant également à l’univers DC Comics. S’ensuit alors une chamaillerie entre les amies, devenues rivales en revêtant leurs costumes.

La concurrence ne s’arrête pas là puisque Ross porte un ensemble ayant prétendument appartenu à Val Kilmer (Batman Forever par Joel Schumacher, 1955). Chandler, lui, a enfilé un costume porté auparavant par Pierce Brosnan (James Bond). Un bras de fer se profile entre les amis : qui de Batman ou de Bond est le plus fort ? Décidément, les débats engendrés par la pop culture sont les plus tenaces, puisqu’ils concernent tout le monde. Sans oublier que ce jeu de rôle maladroit a le mérite d’exhiber au spectateur les jalousies secrètes qui habitent nos colocataires préférés.

Des thérapeutes analysent la relation de Ross et Rachel dans « Friends »

 

La déclaration d’amour de Spielberg à la pop culture

En 2018, Steven Spielberg – qui regroupe à lui seul 80% de la pop culture actuelle – réalise Ready Player One, un film de science-fiction ultra-référencé évoquant à la fois le cinéma et le jeu-vidéo et plus particulièrement les films du catalogue Warner comme , Excalibur, Beetlejuice, Citizen Kane, The Goonies etc.

Il y développe le principe de l’easter egg (œuf de pâques), à comprendre : une fonctionnalité ou référence cachée dans un logiciel, qui permet aux plus rusés, d’accéder aux privilèges d’élite et autres bonus exceptionnels.  Au cinéma, l’easter egg est souvent un message caché, un indice logé dans un détail qui fonctionne comme une clé de compréhension pour le spectateur.

Ainsi Spielberg ne manque pas, à plusieurs reprises, de citer l’univers de Batman, comme autant de lettres d’amour envoyées au héros tragique. On peut notamment apercevoir l’homme chauve-souris (version Michael Keaton) escalader l’Everest, la Batmobile de la série des années 60 dans un départ de course à la montre et Alfred Pennyworth, le fidèle majordome de Bruce Wayne en la figure d’un conservateur robotique de bibliothèque, entre autres. Le macrocosme imaginatif de la saga Batman a également inspiré plusieurs costumes du film.

Ready Player One de Steven Spielberg : la grande récré

« I’m Batman », ou comment s’affirmer en une punchline 

On ne compte plus les répétitions de la célèbre punchline « I’m Batman », à prononcer d’une voix caverneuse, pour un effet plus menaçant. Les séries américaines aiment à la reprendre comme le fait Sheldon (Jim Parsons) dans Big Bang Theory ou Troy (Donald Glover) s’essayant à la voix d’outre-tombe dans Community. Bref, on l’a tous déjà tenté un jour, même Ryan Reynolds affublé de nouveaux pouvoirs dans Deadpool 2 (Marvel), qui à la question fatidique « Mais qui êtes-vous ? », répond intuitivement « I’m Batman ».

Cependant, notre palme d’or revient à la chanteuse Lady Gaga lors d’une émission de talk-show en 2011, qui face à David Letterman affirme être Batman pour justifier sa tenue noire et masquée inspirée, avant d’entonner le générique nerveux de la série animée, composé par Neal Hefti. Alors si même cette reine de la pop puise son inspiration vestimentaire dans le Batverse, cela prouve bien qu’il a de beaux jours devant lui, et jusque sur les podiums de la fashion week.

LE CLIP DU MOIS — « 911 » de Lady Gaga

Image : capture d’écran YouTube