GRAVE
Une jeune étudiante végétarienne vire cannibale lors de sa première année d’école vétérinaire… Premier film, premier tour de force pour la désormais palmée Julia Ducournau (pour Titane, en 2021). En 2017, son récit d’émancipation, de découverte du désir et de quête d’identité au féminin était servi bien saignant. Grave est une quête de la jouissance entre extase, pulsion et chair bien fraîche, autour d’un agneau qui apprend à devenir prédateur parmi les requins.
REVENGE
En 2018, la cinéaste Coralie Fargeat entraînait son héroïne dans un road trip vengeur après avoir été laissée pour morte par son ordure d’amant et ses amis violeurs… Avec Matilda Lutz (que l’on a revue ensanglantée mais de manière plus légère dans Coupez ! de Michel Hazanavicius), le jouissif, violent et impitoyable Revenge transforme avec délectation les prédateurs en proie. Et en profite pour défoncer une société bien trop permissive vis-à-vis des violences sexistes.
THE POWER
Dans un Londres seventies aux allures victoriennes, une jeune infirmière est de garde de nuit dans un immense hôpital délabré en pleine coupure de courant. Ça fait beaucoup, même pour ceux qui n’auraient pas peur du noir. Sorte de « Quand Carrie rencontre L’Exorciste » façon film de fantôme gothique et à grand renfort de jump scares, The Power de Corinna Faith raconte la puissance malveillante d’une masculinité si toxique qu’elle contamine tout. Aussi bien les murs que les âmes.
MISTER BADABOOK
Une mère ne parvient plus à contrôler son fils de 7 ans depuis la mort brutale de son mari, alors qu’il l’emmenait à l’hôpital pour accoucher. L’apparition d’un mystérieux livre de contes, Mister Babadook, et d’un sinistre croquemitaine ajoute du chaos et de la terreur à leur quotidien déjà pas jojo… Pour son premier film en 2014, Jennifer Kent n’hésitait pas à mettre les deux pieds dans le plat de la maternité contrariée et livrait une œuvre bouleversante sur l’inévitabilité du deuil.
CANDYMAN
En replongeant dans la mythologie de Candyman en 2021, la réalisatrice afro-américaine Nia DaCosta ne se contentait pas d’une mise à jour du tueur-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom-cinq-fois. Elle proposait une réflexion ultra contemporaine sur l’oppression toujours bien vivace des communautés noires, la gentrification à toute berzingue et l’engagement opportuniste d’une néo-bourgeoisie en quête de légitimation. Avec cette suite-reboot produite par Jordan Peele, elle remettait la politique au cœur de l’horreur.
She Will de Charlotte Colbert, Alba Films (1 h 35), sortie le 30 novembre