5 films autobiographiques, mais pas égocentriques

« C’est son projet le plus personnel. » Cette formule un peu éculée concorde pourtant parfaitement avec ce que représente « The Fabelmans » pour Steven Spielberg, en salles en ce moment. Le grand cinéaste du merveilleux n’a jamais autant ouvert la porte de l’intime qu’ici, en s’inspirant de sa jeunesse pour raconter le déclin d’un mariage et le septième art comme catharsis. Car film semi-autobiographique ne veut pas forcément dire film égocentrique. Loin de là. Alors, de quoi parle-t-on lorsque l’on parle de soi ?


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Si les « films souvenirs de jeunesse » apparaissent souvent dans la deuxième partie de carrière des cinéastes, Marjane Satrapi, elle, a décidé de commencer par là pour son premier long métrage, sorti en 2007. Avec Persepolis, elle adapte sa propre bande dessinée, parue entre 2000 et 2003, dans laquelle elle raconte avec humour sa vie, de son enfance en Iran au moment de la révolution jusqu’à son départ en France. Plus largement, Persepolis est autant un film sur une émancipation qu’un portrait historique et intime de l’Iran.

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S’il n’est pas le premier à le faire, Alfonso Cuarón a sûrement lancé la dernière salve de ce cinéma semi-autobiographique auquel Kenneth Branagh, Paolo Sorrentino ou Joanna Hogg se sont depuis frottés avec talent. En 2018, le cinéaste mexicain sort Roma, dans lequel il revient, avec un noir et blanc somptueux, dans le Mexico de sa jeunesse. Et, si c’est de ses souvenirs qu’il s’inspire, ce n’est pas tant son histoire qu’il raconte que celle de Cleo, la domestique. Un grand film sur la révolution, sur les inégalités, mais aussi sur la maternité.

Roma, le nouveau film d’Alfonso Cuarón, fait du bruit à la Mostra de Venise5cdcaaed 7cea 41a9 9bcd 25b8c601640f infosgraphiques3

Louis Malle aura mis de nombreuses années avant de s’attaquer à ce douloureux souvenir. Celui de voir trois élèves juifs de sa classe, ainsi que le professeur qui les avait cachés, partir sous ses yeux pour les camps de la mort après avoir été dénoncés. Avec Au revoir les enfants (1987), le cinéaste raconte la France occupée du point de vue de l’enfance, et l’incompréhension face à l’arbitraire de la guerre. Et répare, à travers le personnage du petit Julien, ce qu’il n’a pas pu ou su faire : donner son amitié à celui qui était amené à disparaître.

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D’INSPIRATION

Au début des années 1970, Federico Fellini opère une introspection en trois films dont le plus marquant est peut-être bien le dernier, Amarcord (1974), qui pourrait se traduire par « je me souviens ». Le cinéaste italien, aussi hyperbolique que mélancolique, y revient sur son enfance dans une Italie en plein fascisme triomphant des années 1920-1930. Outre un propos politique fort, Fellini donne la place à la galerie d’excentriques, de la religieuse naine au colporteur mythomane, qui ont influencé, de manière significative, l’ensemble 
de sa filmographie.

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DE SA MÈRE

Quand Spike Lee réalise Crooklyn (1995), sorte d’autobiographie fictive où on le reconnaît parmi les protagonistes à travers le personnage d’un jeune garçon aux lunettes immenses et fan des Knicks, il ne le fait pas seul. Il s’entoure au scénario de sa sœur, Joie Susannah Lee, et de son plus jeune frère, Cinqué Lee. Au final, le cinéaste ne propose pas une série de souvenirs, mais trois, pour raconter la vie, parfois difficile, dans le Brooklyn des années 1970. Et, au passage, déclarer un amour sans faille à sa mère.

The Fabelmans de Steven Spielberg, Universal Pictures (2 h 31), sortie le 22 février