Alex et Noémie forment un couple épanoui et désirent avoir un enfant. À l’annonce de cette nouvelle, Suzanne, la mère d’Alex (interprétée par l’extraordinaire Jo Deseure), adopte un comportement bizarre. Le diagnostic ne tarde pas à tomber : elle est atteinte de démence sémantique, une maladie qui affecte la mémoire et les connaissances. Au lieu d’un bébé, c’est donc de cette femme vieillissante que les trentenaires vont devoir apprendre à s’occuper, dans un renversement des positions familiales traité sur un versant burlesque et tragicomique.
L’univers bien rangé du couple se voit ainsi peu à peu envahi par l’esprit créatif et défaillant de Suzanne, qui tient une galerie d’art contemporain – à l’image de cet habillage fleuri qui se répand dans leur chambre, de façon surréaliste, sur les murs, les meubles et même les vêtements… Ces effets de mise en scène, plutôt que d’enfermer les personnages, les poussent à s’ouvrir, à mieux connaître Suzanne et à dédramatiser sa situation. Quand bien même sa mémoire se désagrège (comme cette œuvre dissoute dans l’eau qu’elle expose dans sa galerie), l’esprit de cette femme éprise d’art et de musique classique demeure fertile et inventif. Un grand film, un film démentiel.
Une vie démente d’Ann Sirot et Raphaël Balboni, Arizona (1 h 27), sortie le 10 novembre
Image (c) Arizona Films