Sur le papier, la rencontre entre les Sparks (vingt-cinq albums entre 1971 et 2020) et Edgar Wright (Scott Pilgrim, Baby Driver) était un coup sûr. Fan des frères Mael, dont il partage l’énergie pop et l’humour débridé, le cinéaste a pris son temps (deux heures un quart) pour retracer leur carrière et faire le bilan de leurs singularités – « le meilleur groupe anglais venu d’Amérique » (premier paradoxe énoncé par le film), « la rencontre de Marc Bolan et du sosie d’Hitler » (observation attribuée à John Lennon) ou « le groupe préféré de votre groupe préféré » (l’accroche de l’affiche).
Si l’objectif est de (re)donner envie d’écouter Kimono My House (1974) ou Lil’ Beethoven (2002), le contrat est rempli : les archives claquent, les bons mots fusent, et le casting brasse large, de Beck à New Order. Ce faisant, le réalisateur met la pédale douce sur son style pour ne pas court-circuiter celui des Sparks, et ainsi édifier clairement leur légende.
En dehors de quelques gimmicks (séquences d’animation lo-fi, reconstitution d’une scène de jeunesse à la plage, définitions de termes du lexique sparksien), on oublierait presque qu’il s’agit d’un film d’Edgar Wright. Et ce n’est sans doute pas plus mal ainsi : comme le chantaient les excentriques frangins sur leur premier hit, « this town ain’t big enough for both of us ».
: The Sparks Brothers d’Edgar Wright, Alba Films (2 h 15), sortie le 28 juillet