Entre 1941 et 1944, Roger et Yvonne Hagnauer, deux intellectuels surnommés Pingouin et Goéland, ont discrètement abrité dans l’institution qu’ils ont dirigée des dizaines d’enfants dont les parents avaient été déportés, parmi lesquels la mère du cinéaste Michel Leclerc (auteur de comédies engagées comme Le Nom des gens en 2010 ou Télé gaucho en 2012). Hommage poignant à ces deux figures, ce documentaire restitue avec malice l’effervescence de la maison et revient sur la manière dont le couple a appliqué la pédagogie de l’« école nouvelle », visant à éveiller chez l’enfant créativité et sens de l’observation.
Composé de témoignages d’anciens pensionnaires, d’archives et de séquences animées, le film imagine le trajet sinueux de la mère du cinéaste jusqu’aux portes de ce lieu salvateur. S’il raconte surtout avec force détails comment ces enfants traumatisés ont été ramenés à la vie, le film pose aussi, en creux, une série de questionnements psychanalytiques : à quel point nos origines nous forgent-elles ? doit-on trimballer l’histoire de nos parents ou s’en affranchir ? Parce qu’il tisse ce lien imperceptible entre l’histoire de chacun et celle de son réalisateur, le film prend une ampleur encore plus vertigineuse.
Pingouin & Goéland et leurs 500 petits de Michel Leclerc, Dulac (1 h 49), sortie le 3 novembre
Image (c) Sophie Dulac Distribution