« Peau d’homme » au Théâtre Montparnasse : une comédie musicale queer et shakespearienne

La BD à succès « Peau d’homme » d’Hubert et Zanzim se réinvente au théâtre façon comédie musicale, portée par Laure Calamy et Ben Mazué. Du Shakespeare made in France.


"Peau d'homme"
"Peau d'homme" ©Jean Louis Fernande

Les meilleures histoires ne cessent jamais de nous surprendre. Avec leur Peau d’homme, Hubert et Zanzim ont inventé une fable pour l’époque, drôle et osée, que l’écrin de la BD sublime. Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, bientôt mariée, découvre le secret des femmes de sa famille : une peau d’homme qu’elle peut enfiler pour découvrir le monde différemment. En devenant Lorenzo, Bianca explore son corps, sa sexualité et bouscule les règles. La société corsetée des femmes face à la domination des hommes, une héroïne inquiète qui veut s’affranchir, de la magie qui trouble le genre et les identités…

Il y a du William Shakespeare, un mélange du Songe d’une nuit d’été et de La Nuit des rois, dans cette fable queer où la transgression est une façon de remettre le monde en ordre. Logique donc que Léna Bréban, comédienne et metteuse en scène, déjà auréolée de plusieurs Molières pour son Comme il vous plaira du grand William, décide de transposer ces cases sur les planches à la manière d’un grand spectacle festif et musical. Elle marie pour l’occasion deux noms qu’on n’imaginait pas ensemble. D’un côté, Laure Calamy, actrice tornade que rien n’effraie. De l’autre, Ben Mazué, auteur-compositeur qui cisaille de sa voix douce l’amour et ses défaites. L’une va donner de la voix grâce à l’autre, mariage de la douceur et de la force dans un spectacle qui ne cesse de vouloir pousser les murs. Bouffon, grave, romantique ou engagé, le spectacle de Léna Bréban joue avec les tonalités, mélange le chant avec le texte, et propose au public d’être autant le spectateur émerveillé que le complice amusé de ce numéro de troupe qui rappelle le pouvoir du jeu. Shakespeare aurait adoré.

Peau d’homme de Léna Bréban, au Théâtre Montparnasse, jusqu’au 31 mai