« Paula » d’Angela Ottobah : les griffes de la forêt

[CRITIQUE] Seule avec son père, une gamine de 11 ans débarque pour l’été dans une maison isolée, avant de comprendre que la menace n’est pas où elle le croit. Porté par un duo puissant (Finnegan Oldfield et la douée Aline Helan Boudon), ce film aux images tantôt concrètes tantôt symboliques dépeint une terrible relation d’emprise.


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« La maison Kinder » : c’est comme ça que Paula décrit la bâtisse de rêve, en bord de lac, que son père leur a dénichée pour les grandes vacances. Mais les jours s’écoulent, le temps se dilate, et ce lieu si accueillant se mue peu à peu en prison bas de gamme. Pour la pré-ado, le mois de septembre sera différent des précédents : désormais, maison et école se résumeront à ce domicile de plus en plus sinistre. Plusieurs fois récompensée pour son scénario, Angela Ottobah décrit la vampirisation progressive d’une jeune fille par un père qui entend être son seul horizon.

Celui-ci fait littéralement sauter les cloisons de sa chambre sous prétexte de mieux veiller sur elle, bâtissant une bulle d’autant plus inquiétante qu’elle se veut bienveillante. Tout respire l’intelligence dans Paula : la mise en scène n’explicitant que ce qui doit l’être, la façon dont l’évolution des décors raconte le délabrement intérieur des personnages, mais aussi l’interprétation du tandem Aline Helan Boudon-Finnegan Oldfield, sans cesse sur le fil du rasoir. Parfois d’une grande douceur, le film d’Angela Ottobah est pourtant d’une immense violence, racontant avec finesse une relation intrafamiliale des plus destructrices.

Paula d’Angela Ottobah, Arizona (1 h 38), sortie le 19 juillet