Dans un plan de transition d’apparence anodine, deux mondes coexistent calmement. En bas, le manège, monde merveilleux de l’enfance, lumières de la nostalgie qui tournent dans une boucle sans fin. Au-dessus, New York, l’univers qui nous dépasse sans nous écraser. Il s’agit du monde vers lequel s’est tournée Nora, une Coréenne ayant immigré aux États-Unis. Après s’être mariée avec Arthur, elle se retrouve face à son passé lorsque Hae Sung, son amour d’enfance, vient lui rendre visite.
Comme dans ce plan dont l’affiche du film emprunte la composition, ces deux mondes représentés par ces deux hommes témoignent de la complexité d’une identité, fracturée entre passé, présent et vies alternatives. Past Lives déjoue les attentes du triangle amoureux en privilégiant l’absence de conflit, conférant ainsi au film une bouleversante force tranquille.
Celine Song aurait certes gagné à être moins explicative par moments, notamment avec ses flash-back un peu faciles. Cependant, la mise en scène des distances et des liens indéfinissables entre les personnages, que ce soit dans leur silence ou leur placement dans l’espace, porte haut l’émotion douce-amère de cette saisissante trajectoire d’acceptation du « inyeon ».
Past Lives. Nos vies d’avant de Celine Song, ARP Sélection (1h46), sortie le 13 décembre