« Normale » d’Olivier Babinet : les pouvoirs de la fantaisie

Inclassable conteur dont l’imaginaire emprunte aux codes du cinéma américain, du drame social belge et de l’heroic fantasy, Olivier Babinet revient avec un quatrième film où s’agite un truculent vivier d’histoires.


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Chelles, à une époque ni actuelle ni lointaine. Lucie, 15 ans, noircit ses carnets d’écrits romanesques où sa vie prend une allure hollywoodienne, tandis que son père s’affaisse dans la maladie. La visite prochaine d’une assistante sociale fait redouter à ce duo bringuebalant mais terriblement complice une douloureuse séparation… Dans un entre-deux-mondes caractéristique du cinéma d’Olivier Babinet – les yeux tournés vers le mythe américain et le cœur qui voyage en France flanqué d’une certaine « belgitude », incarnée par un Benoît Poelvoorde sur le fil –, Normale parvient à capter un air du temps mâtiné de mélancolie.

« Poissonsexe » d’Olivier Babinet : bouée de sauvetage

Déjà, avec son flamboyant documentaire Swagger (2016), le réalisateur filmait l’adolescence comme une puissante fabrique à histoires auprès de collégiens d’Aulnay-sous-Bois. Il adapte ici Monster in The Hall du dramaturge écossais David Greig, pièce construite autour d’un atelier mené avec des adolescents s’occupant d’un parent malade, et célèbre le pouvoir du récit comme barrage contre la mort. En lisant, en écrivant, en chantant son monde – comme celui des autres –, Lucie (épatante Justine Lacroix, découverte dans C’est ça l’amour de Claire Burger en 2019) le fait furieusement exister, tout comme Olivier Babinet enrichit sans relâche son langage de cinéma.

Normale d’Olivier Babinet, Haut et Court, 1h27, sortie le 5 avril

Image (c) Haut et court