« Noémie dit oui » de Geneviève Albert : à la dérive

[CRITIQUE] La cinéaste québécoise Geneviève Albert jette l’héroïne de son premier long métrage dans le grand prix de formule 1 de Montréal, où se déploie le temps de quelques jours une débauche masculine décomplexée de sport mécanique et de tourisme sexuel.


b86d51b7 4c89 4744 b695 9b2db77336b9 noc3a9mieditoui

Dans le teen movie, le motif de l’adolescence livrée à elle-même fait office de sous-genre. Dans le sillage des frères Dardenne ou d’Andrea Arnold, à qui elle rend un hommage discret, Geneviève Albert capte dans le portrait de son héroïne Noémie une faiblesse mêlée d’opiniâtreté. Kelly Depeault tient le rôle de cette fille de 15 ans, qui s’enfuit du foyer dans lequel elle vit dans une perpétuelle colère incandescente. Après un trait d’union euphorique, la prostitution lui apparaît comme une issue. Lors du grand prix de Montréal, Noémie enchaîne les passes à une cadence industrielle orchestrée par son petit-ami, qui s’improvise mac dans sa version uberisée.

La chambre d’hôtel impersonnelle, dans laquelle des dizaines d’hommes rejoignent successivement Noémie, laisse entendre les moteurs tout proches des courses automobiles, transformant les clients en chimères mi-mâles mi-mécaniques vrombissantes. Et, de fait, ils imposent leur masculinité comme une sexualité de la performance. Geneviève Albert trouve le fragile équilibre pour ne pas se dérober à filmer les passes, mais sans dégrader son personnage féminin et surtout sans érotiser la prostitution.

Noémie dit oui de Geneviève Albert, Wayna Pitch (1 h 56), sortie le 26 avril

Images (c) Wayna Pitch

« Kokon » de Leonie Krippendorff : l’âge retorse