« Nezouh » de Soudage Kaadan : une lucarne sur un monde meilleur

[CRITIQUE] La cinéaste syrienne Soudade Kaadan plonge par la fiction au cœur de la guerre civile qui ravage son pays en imaginant la vie d’une famille dans un quartier assiégé de Damas. En prenant le parti de filmer dans leur appartement, elle fait sourdre l’horreur du conflit, son enlisement et les aspirations de la population.


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La métaphore de l’appartement d’une famille comme microsociété permet à Soudade Kaadan des observations subtiles sur le conflit syrien, tout en évitant la violence frontale. La cinéaste choisit de se centrer avec tendresse sur les rêves de la jeune génération. On suit Zeina, 14 ans, après qu’un missile a touché son foyer. Son père refuse pour autant de partir, ne supportant pas l’idée d’être considéré comme un réfugié. Sa femme tente pourtant de le convaincre, ne voyant plus d’avenir en Syrie. 

Kaadan dénonce ici l’orgueil, la résistance têtue du patriarcat, voué à se fissurer. La réalisatrice fait preuve d’une adroite maîtrise de l’espace : il y a la cruelle réalité vécue à l’intérieur de l’appartement, avec ce hors-champ de la guerre rappelé par le son, et la chambre de Zeina, percée d’une crevasse après avoir été bombardée. De ce trou et de ces ruines, la jeune fille fantasme un autre monde plus poétique dans lequel Kaadan sait aussi nous amener. Cette lucarne donnant sur les étoiles est alors comme une possible échappée, qui deviendra une fuite concrète lorsque Zeina et sa mère choisiront d’aller contre le père.

Nezouh de Soudade Kaadan, Pyramide (1 h 43), sortie le 21 juin