« Mi bestia » de Camila Beltrán : un teemovie au charme ravageur

[CRITIQUE] Le premier long de Camila Beltrán, présenté à l’ACID à Cannes 2024, sonde
les croyances ancestrales d’une Colombie profondément religieuse et offre à sa jeune héroïne un récit d’émancipation féroce, magnifié par une mise en scène sensorielle.


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Mi bestia s’ancre dans un souvenir d’enfance : celui de Camila Beltrán, cinéaste colombienne qui a fait ses débuts avec des courts expérimentaux (Le soleil brille, 2007 ; La mala hija, 2010). Un premier plan large hypnotisant nous transporte à Bogota, en 1996, où l’approche imminente d’une éclipse lunaire terrifie la population, qui y perçoit un présage sinistre : l’arrivée du diable. Au milieu de tout ça, Mila. L’adolescente de 13 ans voit son corps changer et se demande si tout cela n’aurait pas un rapport avec cette maudite prophétie…

Malgré un pitch récemment éculé au cinéma (le mordant Tiger Stripes en début d’année ou l’excellent Règne animal en 2023), la réalisatrice tire brillamment son épingle de ce grand jeu du teen movie fantastique en insufflant à son film une subjectivité particulière.

Braquant sa caméra sur son héroïne énigmatique (Stella Martinez, véritable force tranquille), Beltrán épouse pleinement son point de vue et, dans une mise en scène organique et immersive, montre une violence patriarcale étouffante qui paralyse doucement les femmes, et la société en général. Alors Mila, toutes griffes dehors, ouvre une brèche salvatrice et entre en rébellion.

Mi bestia de Camila Beltrán, New Story (1 h 16), sortie le 4 septembre