« Making Of » de Cédric Kahn : immersion dans un tournage politique

[CRITIQUE] Quelques mois à peine après la sortie de son précédent film (“Le Procès Goldman”), Cédric Kahn revient avec un récit méta tout aussi fiévreux. Une immersion à l’intérieur d’un tournage paradoxalement très maîtrisée.


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Le film s’ouvre sur une séquence filmée caméra à l’épaule, dans l’espace réduit d’une voiture abritant des gens sous tension. Cédric Kahn pose l’ambiance (à cran) et fabrique une image qui revient comme un leitmotiv : celle d’une boîte qui implose. Si l’on desserre le cadrage, Making Of raconte l’histoire de Simon (Denis Podalydès), réalisateur expérimenté et dépressif, qui commence le tournage d’un film sur le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. La réalité se superpose à la fiction : les financiers lâchent le projet. L’équipe de tournage, elle-même précaire, hésite à rester. Simon confie à un jeune figurant, Joseph (Stefan Crepon), la tâche de filmer le making of… 

Pur produit des souvenirs empilés de Cédric Kahn (qui avait débuté au cinéma à la fin des années 1980 comme assistant monteur de Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat, un passionné intransigeant dont on sent l’influence), et visiblement tourné lui-même dans une forme d’urgence, Making Of fascine par ses fulgurances (parfois comiques), sa distribution détonante (Jonathan Cohen et Souheila Yacoub impressionnent). Il exprime surtout le désir de Kahn de vouloir préserver un idéal politique qu’il sait voué à l’échec. C’est en assumant jusqu’au bout cette part de tragique qu’il touche le plus.

Making Of de Cédric Kahn, Ad Vitam (1 h 59), sortie le 10 janvier.