Ana parcourt à moto l’île de São Miguel, où elle vit depuis toujours, échappant aux prétendants et aux complications du quotidien. L’arrivée de l’extravertie Cloé met en émoi cette adolescente réservée, tandis que son meilleur ami, Luis, navigue entre affirmation et tensions familiales. Autour d’eux évolue une communauté queer dont la présence chahute l’attribution des rôles très genrée qui gangrène les lieux… De son expérience du documentaire, la réalisatrice portugaise Cláudia Varejão – qui avait notamment mené une enquête sur les ama, une communauté de plongeuses japonaises des années 1950 – a conservé une proximité sidérante avec son sujet et la nature environnante, à l’écoute de leurs moindres oscillations.
Le monde intérieur d’Ana se répercute dans l’atmosphère mélancolique des endroits qu’elle traverse et se raconte dans le petit boulot qu’elle s’est trouvé sur un ferry touristique depuis lequel elle observe les baleines. Insaisissables, ces colosses marins disent une liberté à laquelle aspire la jeune femme, un déplacement fluide dans lequel explorer son désir, un vaste espace où se célébrer. Et la cinéaste, installée entre « chien et loup », sans assignation précise, de regarder à travers son héroïne le monde se doter d’un nuancier plus riche de couleurs.
Loup & chien de Cláudia Varejão, Épicentre Films (1 h 51), sortie le 12 avril
images (c) Epicentre Films