« Loin de vous j’ai grandi » : transfuge de classe

Marie Dumora réalise le portrait sensible, sur deux ans, d’un adolescent placé en foyer, et livre, par le prisme de l’intime, la cartographie d’une certaine France d’aujourd’hui.


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Loin de vous j’ai grandi nous parle d’un territoire géographique et social. Nous sommes dans la vallée de la Bruche en Alsace, là où se trouve le foyer qui héberge Nicolas que l’on suit de ses 13 à ses 15 ans. Nicolas a une famille qu’il va voir le week-end, une mère qu’il apprend à connaître. Quand il n’est pas dans l’une de ces maisons, le garçon est dans la forêt, seul ou avec son ami Saïf, arrivé de Tunisie. Parfois, il s’allonge sur l’herbe fraîche, écoute de la musique, lit Jack London ou les aventures d’Ulysse. Nicolas a des airs de transfuge, ses habitudes ne sont pas celles de sa classe. Sa mère, Sabrina, que Marie Dumora connaît bien puisqu’elle l’a filmée à plusieurs reprises avec sa sœur (Avec ou sans toi, Belinda), et dont l’enfance ressemble à celle de son fils, sait qu’il doit saisir la chance de s’extraire de son milieu…

Nouvel épisode d’une saga familiale documentaire d’une densité rare élaborée depuis de nombreuses années, Loin de vous j’ai grandi a cette précision de regard qui lui permet de restituer la réalité de ces individus, de cette famille yéniche, de ce territoire de France et de son histoire, avec la fidélité à ce qu’ils sont. Et de la transcender en faisant de ces itinéraires de vie, de ces récits de reproduction sociale et de sorties de route, une odyssée digne des plus beaux romans.

Loin de vous j’ai grandi de Marie Dumora, Épicentre Films (1 h 42),sortie le 17 novembre.

Image (c) Epicentre Films