L’interrogatoire est filmé, Melissa Lucio montre sur une poupée comment elle fessait sa fille. Puis vient l’horreur, les images de l’enfant mort, les hématomes noirs. Le documentaire de Sabrina Van Tassel, grand reporter franco-américaine, démarre sur cette réalité atroce : coupable ou non, cette femme de 48 ans dissèque la mort de son bébé dans ce bureau glauque de la police texane.
Mère de quatorze enfants, pauvre et droguée, elle sera condamnée en 2008 à la peine capitale, sans preuve ni témoin. Van Tassel dessine son portrait au fil d’entretiens avec sa famille, ses avocats, des médecins, et enquête sur un procès visiblement bâclé.
En pointant les incertitudes qui entourent l’affaire et en exposant les inégalités (la misère de Melissa Lucio n’a pas joué en sa faveur), la journaliste d’investigation met à mal la justice à deux vitesses du Lone Star State.
Et malgré sa mise en scène larmoyante, la réalisatrice de La Cité muette (2015) parvient à rendre sensible le doute, et par conséquent la possibilité de l’erreur, signant un réquisitoire efficace contre la peine de mort et une démonstration implacable du caractère inégalitaire de la justice texane. Une démarche salutaire.
: L’État du Texas contre Melissa de Sabrina Van Tassel, Alba Films (1 h 37), sortie le 15 septembre