« Les colons » de Felipe Gálvez Haberle : les crimes des conquistadors

[CRITIQUE] Le Chilien Felipe Gálvez Haberle écrit une page arrachée aux manuels d’histoire de son pays. Loin du récit officiel des conquistadors glorieux du xvie siècle, cette avancée sanglante en Terre de Feu, contemporaine de l’invention du cinéma, retrace l’histoire d’un génocide oublié.


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En Patagonie, un propriétaire terrien entend étendre son empire jusqu’à l’Atlantique. Il envoie un militaire britannique, un mercenaire américain et un métis mapuche et espagnol conquérir la terre qui le sépare de cette voie maritime, au prix de l’extermination des Selknam, populations autochtones.

Artisans de ce génocide, les Chiliens ont fait de la colonisation une grande pyramide de dominations, dont les indigènes et les femmes se disputent les soubassements. La violence de la hiérarchie y est si arbitraire qu’un simple soldat de la Couronne britannique peut s’inventer colonel et s’en arroger les prérogatives, métaphore limpide de l’illégitimité du pouvoir britannique sur ces terres conquises par la violence des armes et des viols.

Muni d’une petite caméra portative proche du modèle des frères Lumière, un réalisateur se balade dans le sillage des militaires pour documenter la vie des populations indigènes dans ces contrées extrêmes. Si les hommes en armes ne rencontrent aucune opposition, ce cinéaste se heurte, lui, à la résistance d’une femme selknam, visage fermé, qui fixe l’objectif en refusant la mascarade de la mise en scène que l’on exige d’elle, faisant de la bataille de l’image le seul terrain de contestation possible.

Les Colons de Felipe Gálvez Haberle, Dulac (1h37), sortie le 20 décembre.