« Le Temps d’aimer » de Katell Quillévéré : l’égarement des âmes

[CRITIQUE] La réalisatrice française Katell Quillévéré réalise un mélodrame inspiré du chef-d’œuvre de Douglas Sirk, « Le Temps d’aimer et le Temps de mourir » (1959). Elle en propose une version nuancée, focalisée sur un couple bancal de l’après-Seconde Guerre mondiale.


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Cela faisait longtemps que le cinéma français n’avait pas produit un mélodrame exigeant comme celui-ci. Le film narre la vie de Madeleine (Anaïs Demoustier), serveuse dans un hôtel-restaurant breton. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle a fait partie de ses femmes tondues pour avoir eu une liaison avec un soldat allemand. Est né un fils qu’elle élève seule, mais la rencontre avec François (Vincent Lacoste), jeune thésard bourgeois, vient bousculer son quotidien usant.

Lui aussi cache un lourd secret. Si l’histoire d’amour peut rappeler celle du film Le Temps d’aimer et le Temps de mourir de Douglas Sirk, l’écriture fine des situations apporte de la profondeur aux protagonistes. Madeleine et François sont des individus cassés jusque dans leur chair. Le récit, qui se déroule sur plusieurs décennies, permet à Katell Quillévéré (Suzanne, Réparer les vivants) de prêter attention au délitement d’un couple. Amine Bouhafa compose quant à lui un thème aux cordes particulièrement émouvant, insufflant ce ton romanesque si cher à la cinéaste. La réussite du film tient à ce temps accordé à deux égarés qui se soutiennent – quelle meilleure définition de l’amour ?

Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré, Gaumont (2 h 05), sortie le 29 novembre.