Il arrive parfois que les films ne se comprennent qu’à la fin. C’est le cas de ce nouvel opus de Hong Sang-soo. La genèse de La Romancière, le Film et le Heureux Hasard tient à ses derniers plans. Des images impromptues que le cinéaste a prises lors d’une balade dans un parc avec sa compagne, Kim Min-hee, qui est aussi l’actrice de ses neuf derniers films. Pour que la simplicité documentaire de ces quelques plans s’insère dans un film de fiction, le réalisateur a imaginé qu’elles devraient émaner d’un amateur. Il a donc inventé le personnage de Junhee, une romancière à succès en mal d’inspiration, jouée par Lee Hye-young, qu’il dirigeait déjà dans Juste sous vos yeux, sorti l’an dernier.
« Juste sous vos yeux » de Hong Sang-soo : l’art de la modestie
Au gré de hasards, elle va faire dans Séoul des rencontres avec quatre connaissances, nouvelles ou anciennes, qui vont lui donner l’envie de se mettre au cinéma en totale dilettante. La projection finale dévoilant les fameuses images qui existaient donc avant même le tournage. Les acteurs sont si proches de la caméra que l’on pense souvent à la présence de Hong Sang-soo. Au point que l’on est à peine étonné, dans les derniers plans, d’entendre sa voix briser le quatrième mur pour chuchoter « Je t’aime ». On comprend alors en frissonnant pour quelle impérieuse déclaration ce film s’avérait impératif.
La Romancière, le Film et le Heureux Hasard de Hong Sang-soo, Arizona (1 h 33), sortie le 15 février
Image (c) Jeonwonsa Film Co. Production