Le traitement frontal et l’aspect thriller en temps réel de Je vous salue salope nous font entrer de plain-pied dans la lutte de quatre femmes qui ont reçu des menaces de mort et de viol. La féministe Laura Boldrini est la femme politique la plus harcelée d’Italie, entre la campagne de Beppe Grillo sur les réseaux sociaux – « Que feriez-vous si vous étiez avec la Boldrini dans une voiture ? » – et Matteo Salvini qui a paradé avec une poupée gonflable à son effigie. Laurence Gratton, enseignante québécoise, et neuf de ses collègues ont été harcelées par un pair qui n’a jamais été appréhendé.
L’élue démocrate afro-américaine Kiah Morris a subi des attaques racistes et été menacée de mort. Marion Seclin, jeune comédienne et youtubeuse, a reçu quarante mille messages d’insultes. Elle estime que cette violence numérique lui a nui davantage qu’un viol subi à 16 ans. Ce film dur et nécessaire décortique cette nouvelle tentative d’invisibilisation des femmes : enfin plus présentes dans l’espace public, elles sont « punies » dans l’espace virtuel par des misogynes en roue libre, protégés par leur anonymat et le vide juridique autour de ces agressions permanentes. Mises en confiance par le duo de réalisatrices, les quatre témoins ont le courage de s’exprimer face caméra, bien décidées à enrayer cette impunité.
Je vous salue salope. La misogynie au temps du numérique de Léa Clermont-Dion, Guylaine Maroist, La Ruelle Films (1 h 20), sortie le 4 octobre